Dévoilée en première mondiale au California Science Center, l'exposition "Momies du monde" présente plusieurs dizaines de momies d'hommes, de femmes, d'enfants et d'animaux, originaires des 4 coins du monde, embaumés ou naturellement momifiés, ainsi que des objets funéraires.
Sa conception a débuté après la création du German Mummy Project en Allemagne, suite à la découverte en 2004 de 20 momies oubliées dans les réserves des Musées Reiss-Engelhorn de Mannheim.
Plus de 20 institutions européennes ont prêté des pièces aux "Momies du monde", qui feront le tour des États-Unis pendant 3 ans. "Cette exposition est un mélange de science et d'histoire", a déclaré Jeffrey Rudolph, président du California Science Center, lors de l'avant-première réservée à la presse. "Elle illustre la façon dont les techniques scientifiques de pointe peuvent nous aider à mieux comprendre le passé et le présent, mais aussi comment nature et culture ont pu se rejoindre, aux 4 coins du monde", a-t-il ajouté. "Momies du monde" fait une grande place à la recherche scientifique, en expliquant les apports essentiels apportés à la connaissance des momies par l'analyse génétique, la datation au carbone, la tomographie (reconstruction des volumes par ordinateur) ou l'imagerie par résonance magnétique.
Autant de techniques qui, tout en respectant l'intégrité physique des momies, ont permis de découvrir "énormément de choses sur la vie, l'histoire, les cultures, mais aussi l'anatomie, la santé, l'alimentation ou les causes de la mort des personnes momifiées", déclare Albert Zink, l'un des commissaires de l'exposition, chercheur à l'Institut européen de Bolzano, en Italie.
Ces découvertes n'ont pas seulement une valeur historique, elles peuvent aussi avoir des applications concrètes aujourd'hui, explique M. Zink. "Ce que nous avons appris grâce aux momies sur la mutation et les changements de la bactérie de la tuberculose pourrait aider les scientifiques à éliminer cette maladie mortelle dans le futur", observe-t-il.
Outre sa valeur scientifique, l'exposition permet aussi de mettre en lumière la variété de l'origine des momies -on en a trouvé sur les 5 continents -que le grand public assimile généralement à la seule Égypte ancienne.
Un grand nombre de pièces remarquables provient ainsi du Pérou, comme la momie exceptionnellement bien conservée d'un bébé, datant d'environ 4.500 ans avant Jésus-Christ, ou celle d'une femme assise, avec toute sa chevelure. "Il y a eu davantage d'études et d'intérêt pour les momies égyptiennes, car il y a beaucoup de documentation sur les rituels funéraires dans l'Égypte ancienne. Mais nous avons la preuve scientifique que la momification existait en Amérique du Sud avant d'exister en Égypte", observe Heather Gill-Frerking, commissaire principale de l'exposition et chercheuse au German Mummy Project.
Plus surprenant encore, l'exposition dévoile les corps momifiés de la famille Orlovits, découverte en Hongrie en 1994, dans la crypte d'une église au nord de Budapest. Les corps des 3 membres de la famille, nés entre 1765 et 1800, s'étaient momifiés naturellement, grâce à l'air frais et sec de la crypte et à l'huile du bois de pin utilisé pour fabriquer leurs cercueils.
AFP/VNA/CVN