Le président américain Barack Obama a annoncé week-end dernier avoir créé par décret la commission d'enquête indépendante pour faire la lumière sur les causes de la vaste pollution dans le golfe du Mexique après l'explosion de la plateforme Deep Water Horizon le 22 avril.
Au même moment, les plages et les précieux marais de Louisiane (Sud des États-Unis), premier État touché, continuaient de se couvrir du liquide visqueux aux reflets orangés.
Sur la plage d'Elmers island, une poignée d'hommes en combinaison jaune et gilet de sauvetage orange dépolluaient samedi les côtes que d'autres avaient nettoyé la veille.
Sur la longue plage de Grand Isle, il y avait en revanche moins de pétrole samedi que la veille. "C'est toujours le bordel mais c'était plus grave hier", se réjouit dans un mélange de français et d'anglais, Ronald Ledet, un cajun de 72 ans qui a travaillé 30 pour l'industrie pétrolière. De nouveaux barrages flottants ont été installés pour empêcher le brut de rentrer dans les marais où les crevettes sont cultivées, certains se montrant efficaces. "Pour l'instant le pétrole n'arrive que sur la plage donc ce n'est pas trop grave. Ce qui serait un désastre c'est qu'il rentre dans la baie où on cultive les crevettes", dit-il.
Pour Susan Villiers, 52 ans, qui habite au bord de la plage, "les gens sont furieux parce qu'ils veulent de l'action. Ils veulent voir des bateaux déployant des barrages, et il ne se passe rien", dit-elle en désignant le large où aucun navire n'est visible.
Dans son allocution hebdomadaire, le président Obama a pourtant indiqué que son administration avait déployé 1.100 navires, environ 24.000 personnes et plus de 600 km de barrières protectrices. "Et nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider les pêcheurs en difficulté et les petites entreprises et ceux qui en dépendent", a-t-il souligné.
Annonçant la création de la commission d'enquête, formée de 7 membres, M. Obama a qualifié la marée noire de "catastrophe sans précédent par nature". La commission, présidée par l'ex-sénateur Bob Graham, ancien gouverneur démocrate de Floride - État concerné par la pollution - et l'ex-patron républicain de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) William Reilly, doit fournir des recommandations dans les 6 mois pour éviter la réédition d'un tel drame.
Pendant ce temps, le pétrole continue de se déverser à 1.500 m de profondeur sans que BP ne parvienne à boucher la fuite émanant du puits. Les quantités de pétrole qui s'en échappent continuent à faire débat, certains experts accusant le groupe britannique de fortement minimiser l'étendue de la catastrophe en évoquant 5.000 barils par jour (800.000 litres).
Le groupe, qui a essayé à plusieurs reprises en vain de placer un "couvercle" sur le jet de brut, prépare pour une nouvelle tentative baptisée "top kill", qui consiste à injecter du liquide dans la fuite puis à sceller le puits avec du ciment. "Il y a beaucoup de choses à mettre en place, tant à la surface de la mer qu'au fond de l'eau", a indiqué samedi un porte-parole de BP, John Curry.
Le groupe fore également 2 puits de secours pour dévier le pétrole à la source, mais ce procédé prendra au moins 2 mois.
AFP/VNA/CVN