"Il n'y a pas de doute : la concurrence est dure", affirme Bill Moore, qui dirige le centre d'accueil des visiteurs du Centre Spatial Kennedy en Floride, une des quelque 21 institutions candidates à exposer et préserver Atlantis, Discovery ou Endeavour.
La NASA a annoncé qu'elle allait léguer ses vaisseaux spatiaux à l'histoire, environ un an après le dernier vol d'Endeavour en novembre, à moins que les orbiteurs soient appelés à prolonger leurs missions.
"J'ai ouï dire au sein de la NASA ou de la communauté spatiale que le programme de vols pourrait être étendu (...) mais le discours officiel pour l'instant est que les navettes seront mises à la retraite à la fin de l'année", confie Valerie Neal, conservatrice au Musée national de l'air et de l'espace à Washington.
Discovery, la plus ancienne des navettes avec 39 missions dans l'espace, a déjà été promise à ce musée mais "aucune décision n'a encore été prise pour Atlantis et Endeavour", a indiqué John Yembrick, un porte-parole de la NASA.
Et on se bouscule au portillon. "Parmi la vingtaine de propositions, la moitié sont des candidatures de poids", assure Valerie Neal.
Le Musée de l'armée de l'air dans l'Ohio est candidat à cette "loterie" et réclame haut et fort la navette Atlantis. Dix-huit astronautes ont écrit une lettre à la NASA pour que la navette élise son dernier domicile auprès de l'armée de l'air, "qui a été cruciale dans la conception, le développement, le financement du programme des orbiteurs", affirment les astronautes.
Le Musée de l'air de New York, l'"Intrepid Sea", est sur les rangs, de même que les 2 centres de visiteurs de la NASA, le Johnson Space Center au Texas et le Kennedy Space Center en Floride, favori pour récupérer Atlantis, selon les médias.
Le planétarium Adler de Chicago et le musée de l'espace de Seattle rêvent aussi d'une navette malgré un "ticket d'entrée" à pas moins de 28,8 millions de dollars.
"Ce n'est pas tant le coût de la navette. J'aime à dire qu'elle est gratuite. Mais c'est le coût de l'emballage et de la livraison", plaisante la conservatrice de Washington.
La NASA a baissé son prix de cession d'une navette de 42 millions de dollars à moins de 30. Il faut compter dans cette enveloppe 20 millions pour nettoyer toute trace de combustible toxique et 8 à 9 millions de dollars pour charger le monstre sur le dos d'un Boeing 747 et le livrer.
Mais de l'avis du Musée des sciences de Chicago, qui a renoncé à cette loterie pour des raisons financières, le coût réel d'installation relève plutôt d'un budget de 80 millions de dollars pour un musée.
À Washington, le Musée de l'air et de l'espace sait déjà qu'il va exposer Discovery à la place de la navette Enterprise dans une annexe située en dehors de la ville, a indiqué Mme Neal, car le bâtiment du centre-ville ne peut loger l'appareil trop volumineux.
En échange de Discovery, le musée va redonner à la NASA la navette Enterprise, la plus ancienne de toutes, qui sera léguée à un autre musée.
Enterprise, qui n'a jamais volé dans l'espace, serait-elle un lot de consolation? "Oh non!", assure Mme Neal. "Enterprise est encore un prix de choix, elle est porteuse d'une grande histoire, celle de la première navette jamais construite, celle qui a donné vie aux programmes des orbiteurs".
AFP/VNA/CVN