Pigeons de course : les "pur-sang" du ciel volent au dessus de New York

Nul ne peut se douter, en observant une poignée de pigeons survolant les faubourgs de New York, des passions qu'ils déchaînent : ces oiseaux font la course. "Ce sont les pur-sang du ciel", affirme Peter Fusco, 41 ans, éleveur de pigeons voyageurs à Staten Island, au sud-ouest de New York.

Ce sport, dont la popularité a beaucoup décliné ces dernières années, continue à attirer un petit groupe d'enthousiastes de tous âges. Les colombophiles entraînent leurs athlètes qui, lâchés à des centaines de kilomètres de leurs pigeonniers, bravent aigles, tempêtes et lignes électriques pour rentrer au bercail. Beaucoup n'y arrivent pas.

"J'en ai qui arrivent avec des pattes brisées, le bréchet cassé, et pourtant ils reviennent", dit Peter Fusco. Les élevages sont situés sur des toits de quartiers populaires, et les passionnés -essentiellement des hommes- viennent souvent de la classe ouvrière.

Un des aficionados les plus célèbres est Mike Tyson, le légendaire boxeur né à Brooklyn, qui raconte avoir grandi en observant les pigeons. Retiré de la compétition depuis 2005, l'ancien champion, âgé de 43 ans, a récemment annoncé qu'il revenait à ses premières amours et allait élever des pigeons de course.

Albert Sima, qui vend des pigeons voyageurs dans le quartier de Queens (Est), et connaît Tyson depuis longtemps, estime que l'ex-boxeur n'est pas au bout de ses peines. "Il va voir que ce n'est pas facile", dit Sima, 59 ans.

Le jour de la course, différents clubs de la ville sont en compétition, conduisant des centaines, voire des milliers d'oiseaux jusqu'à un point de départ situé entre 160 et 1.000 kilomètres de New York.

Le vol est suivi par une puce d'ordinateur placée sur un anneau à la patte de l'animal. Souvent, quelques minutes, voire des secondes, séparent les concurrents, et les prix varient de quelques centaines de dollars à des dizaines de milliers pour les grandes courses.

Ralph Laggio, 71 ans, pratique ce sport depuis l'âge de 9 ans, et dit qu'il faut toute une vie pour comprendre la psychologie de l'oiseau. "Déjà, il doit provenir d'une bonne lignée", assure-t-il. Il faut ensuite l'entraîner avec des adultes, pour qu'il arrive à mémoriser la géographie des lieux et apprenne à revenir depuis des points éloignés.

Diverses théories expliquent comment les pigeons réussissent à rentrer. Conduits par le soleil, par une boussole naturelle et par le nord magnétique, ils retrouvent leur chemin.

Mais la confection d'un champion réside dans le soin qu'on lui consacre, disent les experts. "Il faut les traiter comme des athlètes, les entraîner, les mettre au régime, leur assurer un bon sommeil, sinon vous perdez votre temps", dit Laggio. Et le jour de la course, chacun a ses trucs. Laggio nourrit peu les siens. "Il faut qu'il ait légèrement faim, comme un catcheur ou un lutteur", assure-t-il.

Certains vont plus loin, séparant par exemple une mère couveuse de ses œufs, ou un mâle d'une femelle juste avant l'accouplement. "Comme pour chaque individu, le sexe est une forte motivation", dit en riant Mike Romano, de Staten Island.

Sima est toutefois pessimiste pour l'avenir. "Quand j'étais enfant je ne parlais que de ça avec mon père. Et le club comptait 50 ou 60 membres, il n'y en n'a plus que 24 aujourd'hui", dit-il. Les passionnés ne regrettent pas les heures passées avec les pigeons, même Albert Sima dont le mariage n'a pas résisté. "Quand je suis avec mes oiseaux, j'oublie tout", dit-il.

AFP/VNA/CVN

(05/06/2010)

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top