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Le gouvernement a commencé par faire état de "12 morts, une trentaine de blessés" militaires dans cette attaque lancée tôt mardi matin 19 juillet à Nampala, ville de la région de Ségou à plus de 510 km de Bamako, la capitale.
Depuis cette annonce, "le bilan a évolué : nous avons perdu 17 hommes et déplorons 35 blessés qui ont tous été acheminés vers des unités de soin dans la région de Ségou", a annoncé dans la soirée le ministre Tièman Hubert Coulibaly sur la télévision publique.
Conseil de sécurité autour du président malien Ibrahim Boubacar Keita, le 19 juillet à Bamako, après l'attaque du camp de Nampala. |
"Nous ferons en sorte que cette attaque terroriste coordonnée qui s'est portée sur nos positions à Nampala fasse l'objet d'une réponse appropriée", a assuré M. Coulibaly.
"Un groupe a émis une revendication. Nous sommes prudents. Nous essayons d'établir un lien entre la façon d'agir" des assaillants de Nampala et les modes opératoires "des différents groupes terroristes qui opèrent dans cette partie du Mali", a expliqué le ministre de la Défense.
Quelques heures auparavant, l'attaque avait été revendiquée par un responsable de l'"Alliance nationale pour la sauvegarde de l'identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ)", mouvement armé dont la création a été annoncée en juin, selon ses responsables, après des violences contre des Peuls.
Ce groupe, qui s'est alors défendu d'être jihadistes ou indépendantiste, a annoncé un bilan de huit soldats tués et onze blessés, décomptant dans ses rangs trois blessés.
Des sources de sécurité dans la région ont cependant exprimé des doutes sur l'authenticité de cette revendication. L'une d'elles a précisé que le groupe armé peul n'avait "pas la logistique d'envergure pour mener seul une opération de cette nature".
Deux revendications pour une attaque
Tard mardi soir 19 juillet, une nouvelle revendication a été émise par le groupe jihadiste malien Ansar-Dine dans un communiqué diffusé par SITE, le centre américain de surveillance de sites jihadistes.
Dans ce texte, Ansar Dine - fondé par l'ex-rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly - a affirmé avoir mené une "très grande attaque" contre la caserne de Nampala, tuant des "dizaines de soldats". Les assaillants sont membres du "bataillon du Macina", Macina étant l'appellation traditionnelle d'une partie du centre du Mali.
Selon le ministre de la Défense, mardi soir 19 juillet, les forces maliennes tenaient Nampala et procédaient à des opérations pour retrouver les assaillants.
Ansar Dine fait partie des groupes jihadistes ayant contrôlé pendant près de dix mois - de mars-avril 2012 à janvier 2013 - les régions du Nord du Mali. Ils se sont installés dans ces vastes zones à la faveur d'une déroute de l'armée malienne face à une rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à eux et qu'ils ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement, et implique la force de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix entre le camp gouvernemental et l'ex-rébellion, censé isoler définitivement les jihadistes.
Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le Centre, puis vers le Sud.
Certaines de ces opérations ont été revendiquées par ou attribuées au Front de libération du Macina (FLM), apparu début 2015 et dirigé par un prédicateur radical malien Amadou Koufa, un Peul. Ce dernier recrute essentiellement dans la communauté peule, selon des spécialistes. Il est allié à Ansar Dine.
L'Union européenne (UE), disposant au Mali d'une mission qui entraîne l'armée de ce pays, a dénoncé mardi soir 19 juillet une attaque "inacceptable".
Elle "s'ajoute à la longue liste d'actes de violence ciblés contre des forces nationales et internationales chargées de sécuriser le Mali et de faciliter la mise en œuvre de l'accord de paix, est inacceptable", ses auteurs "doivent être tenus responsables devant la justice", a-t-elle dit.