Avec cet ordre d'achat de 11,5 milliards de dollars au prix catalogue (9,644 milliards d'euros), "plus grosse commande jamais enregistrée dans l'aviation civile en dollars", selon le directeur commercial d'Airbus, John Leahy, la compagnie de Dubaï fait passer sa flotte d'A380 à 90 appareils. Au point que son patron, cheikh Ahmad ben Saïd Al-Maktoum, venu parapher le contrat au salon aéronautique de Berlin (ILA), a dû se défendre sur le ton de la plaisanterie en assurant qu'il ne les collectionnait pas pour son plaisir.
Depuis environ un an, Airbus n'avait pas enregistré de nouvelle commande pour son avion de prestige, grand projet des dernières années mais dont les débuts ont été émaillés de problèmes d'assemblage qui ont plombé les comptes de sa maison mère EADS.
L'action EADS, maison mère d'Airbus, a gagné 0,59% le 8 juin à 16,22 euros à la Bourse de Paris, dans un marché en baisse de 0,98%.
Airbus va du coup dépasser allègrement son objectif de 20 nouvelles commandes d'A380 cette année, et combler une partie de son retard par rapport à Boeing, qui la devançait sur les 5 premiers mois avec 139 commandes brutes contre 81 pour Airbus.
D'autres bonnes nouvelles pourraient suivre dans l'année, a laissé entendre M. Leahy, qui est "en négociation avec d'autres compagnies à travers le monde".
À l'heure actuelle, 30 A380 sont en service, et, avec ce dernier ordre d'Emirates, 234 sont commandés.
Récemment, le patron d'EADS, Louis Gallois, évoquait l'horizon 2011 et même 2012 pour un véritable décollage des ventes d'A380. Mais c'était sans compter avec la vigueur du marché du transport aérien, qui a plus vite qu'escompté tourné la page de la crise.
L'Association internationale du transport aérien (IATA) table dorénavant sur un retour dans le vert du secteur cette année. Alors que les compagnies européennes restent souffrantes, leurs concurrentes américaines et asiatiques ont nettement meilleure mine. Et les compagnies du Golfe, Emirates en tête, sont même en pleine forme.
Cette dernière a annoncé le mois dernier un bénéfice net multiplié par près de 5 sur un an pour son exercice 2009/10. Ignorant la crise, la compagnie a transporté 20% de passagers de plus sur la période (1er avril 2009-31 mars 2010) que l'année précédente.
Avec 10 A380 déjà livrés, Emirates dessert 8 destinations, dont Toronto, Paris ou encore Séoul. Les nouveaux appareils lui permettront d'étoffer son réseau, alors que de plus en plus d'aéroports s'équipent pour accueillir cet avion plus large qu'un terrain de football.
Pour Airbus, la commande d'Emirates pose à nouveau la question du rythme et des coûts de production de l'appareil. L'A380 est "clairement plus complexe à produire que ce nous avions anticipé", a reconnu M. Leahy, conscient de l'urgence de "passer à la vitesse supérieure" en termes de production, tout en baissant les coûts. Airbus prévoit que le programme A380 sera à l'équilibre financier en 2015.
AFP/VNA/CVN