Burkina Faso
Deuxième coup d'État en huit mois, le chef du gouvernement démis de ses fonctions

Le Burkina Faso a connu vendredi 30 septembre un second coup d'État en huit mois, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un putsch fin janvier, ayant été à son tour démis de ses fonctions par des militaires. En ajoutant les deux putschs au Mali et celui en Guinée, c'est le cinquième coup d'État en Afrique de l'Ouest depuis 2020.

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Un homme brandit un drapeau du Burkina Faso pendant une manifestation, le 30 septembre à Ouagadougou. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Après une journée émaillée de tirs dans le quartier de la présidence à Ouagadougou, une quinzaine de soldats en treillis et pour certains encagoulés ont pris la parole, peu avant 20h00 (GMT et locale) sur le plateau de la Radiotélévision nationale.

"Le lieutenant-colonel Damiba est démis de ses fonctions de président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration" (MPSR, organe dirigeant), ont déclaré les militaires dans un communiqué lu par un capitaine.

Le nouvel homme fort du pays, désigné président du MPSR, est désormais le capitaine Ibrahim Traoré, a-t-il affirmé.

M. Traoré, 34 ans, était jusqu'à présent le chef de l'unité des forces spéciales antijihadistes "Cobra" dans la région de Kaya (Nord).

Le sort de M. Damiba restait inconnu vendredi soir 30 septembre.

Les putschistes ont également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes du pays à partir de minuit, ainsi que la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée législative de transition.

Un couvre-feu de 21h00 à 05h00 est aussi mis en place.

 "Idéal trahi" 

Les militaires invoquent "la dégradation continue de la situation sécuritaire" dans le pays.

"Nous avons décidé de prendre nos responsabilités, animés d'un seul idéal, la restauration de la sécurité et de l'intégrité de notre territoire", ont-ils poursuivi.

"Notre idéal commun de départ a été trahi par notre leader en qui nous avions placé toute notre confiance. Loin de libérer les territoires occupés, les zones jadis paisibles sont passées sous contrôle terroriste", ont-ils encore affirmé.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président de transition du Burkina Faso, arrive à sa cérémonie d'entrée en fonction, le 2 mars à Ouagadougou. 
Photo : AFP/VNA/CVN

À son arrivée au pouvoir le 24 janvier, lui aussi par un communiqué lu par des hommes en armes à la télévision, M. Damiba avait promis de faire de la sécurité sa priorité, dans ce pays miné depuis des années par de sanglantes attaques jihadistes. Mais celles-ci se sont multipliées ces derniers mois, notamment dans le Nord.

Les putschistes ont promis de convoquer "incessamment les forces vives de la nation" afin de désigner un "nouveau président du Faso, civil ou militaire".

Dans un communiqué, la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) - dont le Burkina est suspendu des instances depuis le coup d'État de janvier - a "condamné avec la plus grande fermeté la prise de pouvoir par la force qui vient de s'opérer".

La Cedeao trouve "inopportun ce nouveau coup de force au moment où des progrès ont été réalisés (...) pour un retour à l'ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024".

L'Union européenne a exprimé ses "inquiétudes", même sentiment du côté des États-Unis qui se sont dits "extrêmement inquiets" par la situation à Ouagadougou et qui ont appelés leurs citoyens à limiter leurs déplacements.

"Nous appelons à un retour au calme et à la retenue de la part de toutes les parties", a indiqué un porte-parole du département d'État des États-Unis.

Le ministère français des Affaires étrangères a demandé à ses ressortissants à Ouagadougou, estimés entre 4.000 et 5.000, de rester chez eux.

La journée de vendredi 30 septembre a été très tendue dans la capitale burkinabè, des tirs ayant été entendus avant l'aube dans le quartier abritant la présidence et le QG du gouvernement, selon plusieurs témoins, puis à nouveau en début d'après-midi.

Plusieurs axes de la ville ont été barrés toute la journée par des militaires postés sur les principaux carrefours de la ville, notamment devant le siège de la Télévision nationale.

Vendredi soir 30 septembre, peu avant l'annonce télévisée, un important dispositif militaire s'est déployé dans certains quartiers de la capitale, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Dans la journée, le porte-parole du gouvernement Lionel Bilgo avait évoqué "une crise militaire" sur des "revendications liées à des primes".

AFP/VNA/CVN

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