Deux trésors vivants de quan ho tentent de sauver le patrimoine

Début 2004, l'État a décerné le titre d'"Héritage vivant de la culture quan ho" à 6 chanteuses de talent originaires du berceau de ce chant (provinces de Bac Ninh et Bac Giang, au Nord). Il n'en reste à présent que 2 : Nguyên Thi Nguyên, 89 ans, et Ngô Thi Nhi, 87ans.

Ces "héritages vivants du quan ho" sont tous des femmes. La plus âgée - Nguyên Thi Khiêu - est décédée il y a 3 ans, à 105 ans; et la benjamine -Vu Thi Chich, à 83 ans. Il est regrettable que seulement 2 soient encore en vie : Nguyên Thi Nguyên, 89 ans, du village de Kha Lê ; et Ngô Thi Nhi, 87ans, de Diêm, déplore un responsable du Service de la culture de Bac Ninh. C'est dans ces termes qu'il répondait à ceux qui souhaitent rencontrer ces "artistes populaires" après la reconnaissance, par l'UNESCO, du quan ho comme patrimoine immatériel de l'humanité, fin septembre dernier.

Nguyên Thi Nguyên, 89 ans, vit avec son fils, sa belle-fille et ses petits enfants au milieu du village de Kha Lê. Elle fréquente la Maison de la culture du village pour donner tous les jours des cours de chant à des jeunes et des adolescents. Le dos courbé sous le poids de l'âge, Mme Nguyên respire toujours la santé. Elle accueille les visiteurs toujours avec un sourire aux lèvres, puis, après les civilités d'usage, élève la voix pour leur offrir un air de quan ho, celui de la bienvenue.

L'émotion se lit sur le visage de Mme Nguyên à la nouvelle de la reconnaissance du quan ho au niveau mondial. Pour ceux qui sont nés à Bac Ninh et Bac Giang, ce chant est depuis toujours considéré comme un héritage de grande valeur légué par nos aïeuls. Le quan ho coule dans leurs veines. Il est regrettable que bien des chanteurs et chanteuses de sa génération aient quitté ce monde, sans savoir que les airs de quan ho résonnent désormais loin des frontières nationales.

Actuellement, la vieille chanteuse assure 4 cours par semaine : 2 pour les chanteurs(euses) avancé(é)s maîtrisant tous les airs de quan ho et 2 autres pour les jeunes. Cette mission ne fatigue pas du tout cette vieille dame qui, au contraire, se sens heureuse de les voir se passionner pour le quan ho. L'important pour elle, c'est que la quintessence de ces chants soit préservée et valorisée de plus en plus, tant dans leur berceau que dans le reste du pays.

Ouvrir le coffre au trésor des airs anciens

Au village de Diêm, tout le monde connaît la vieille chanteuse Ngô Thi Nhi. À une fanchon traditionnelle sur la tête, une belle dentition noire et brillante comme les graines de la pomme cannelle, cette dame de 87 ans est vive et alerte. Le quan ho compte quelque 400 airs anciens. Quelque 200 d'entre eux, extrêmement difficiles à interpréter, sont menacés donc de tomber dans l'oubli. Mme Nhi en connaît la moitié. Selon elle, il y a des airs tellement difficiles que seuls les chanteuses de sa génération peuvent les chanter correctement. Mais, ces anciens talents se comptent désormais sur les doigts, déplore-t-elle. C'est pour cette raison que tous les airs anciens gardés en mémoire risquent de se tarir au fil des années.

Le quan ho est désormais un patrimoine mondial. Les chanteuses chevronnées souhaitent un jour ouvrir le trésor des airs anciens qu'elles détiennent. Une proposition qui vaut de l'or.

Nghia Dàn/CVN

(06/12/2009)

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