Des initiatives pour transmettre les chants quan ho

Des classes de chants alternés quan ho chez l'“Artiste émérite” Ta Thi Hinh au club de quan ho à l'École polytechnique de Hanoi, les initiatives ne manquent pas pour transmettre ce patrimoine culturel aux générations futures et ancrer cet art vocal dans le quotidien... en se faisant plaisir.

Amoureuse de quan ho, l'Artiste émérite Ta Thi Hinh ne veut pas que les jolis chants populaires de sa terre natale ne soient plus un jour que les beaux souvenirs d'une époque révolue, un patrimoine de musée qui fait de brèves apparitions scéniques à l'occasion de grands événements. Son désir ardent est au contraire que le quan ho conserve sa vitalité au sein de son aire d'origine, dans la vie quotidienne des gens, que la transmission intergénérationnelle perdure et que le répertoire ne s'appauvrisse pas.

En 1988, aidée par une amie, chanteuse comme elle, Hinh a ouvert à son domicile une classe à l'intention des passionnés de quan ho. On y trouve aussi bien des enfants de 6 à 10 ans que des adultes. Les cours sont donnés à titre gracieux et selon la disponibilité des apprenants, mais surtout en soirée. "Ces chants consistant en couplets interprétés en alternance, il faut ainsi les interpréter en groupe ou en couple. La chose la plus difficile pour moi parfois est de trouver 2 voix (l'une de femme et l'autre d'homme) qui s'harmonisent bien", révèle Hinh. Depuis 20 ans qu'elle donne des cours, elle a eu l'occasion de découvrir de nombreux "talents en herbe" devenus par la suite des "voix d'or".

Certains d'entre eux ont décroché des prix lors de concours. Par exemple, le chanteur Trung Kiên, qui a finit 2e du Festival national des chants folkloriques en 2008. "Outre les chants, explique-t-il, Hinh m'a appris aussi le style d'interprétation traditionnel. Car le + quan ho+ est aussi un art visuel très codifié".

Ces vingt dernières années, des centaines de chanteurs et de chanteuses sont passés entre les mains expertes de cette artiste presque septuagénaire, qui connaît par cœur 300 airs anciens, et ne cesse d'en créer de nouveau. Car le quan ho est un art vivant, qui doit continuer d'évoluer, comme il l'est toujours depuis des siècles...

À l'École polytechnique de Hanoi, les étudiants ont leur propre club de quan ho. Depuis 2 ans, le réfectoire de cet établissement est devenu le rendez-vous des amoureux de quan ho. "Notre club est né simplement de l'envie de se retrouver ensemble pour soulager un peu la nostalgie de notre terre natale", a confié Trinh Van Tinh, originaire de Bac Ninh et fondateur du club. Certains soirs, plusieurs dizaines d'étudiants et de professeurs se retrouvent pour pousser la chansonnette ou seulement pour écouter. Au départ composé exclusivement de jeunes du Kinh Bac, berceau du quan ho, le club s'est ouvert aux natifs d'autres localités comme Nam Dinh, Hai Phong, Hanoi, Ninh Binh... Il a aussi créé 2 pages web (dancavietnam.net et quanhobacninh.vn) où sont répertoriées plus de 400 airs anciens et nouveaux, et une centaine de documents de référence sur cet art vocal. Grâce à l'outil internet, l'écho du quan ho résonne désormais fort loin, pour le plus grand plaisir, entre autres, de ces grands nostalgiques du pays natal que sont les Vietnamiens d'outre-mer...

Nghia Dàn/CVN

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