Dette : au moins, les partenaires de l'Europe attestent des progrès et attendent plus

Les pays du G20, réunis le 15 octobre à Paris, ont reconnu les progrès réalisés par les Européens dans la résolution de leur crise de la dette, mais, inquiets pour une croissance mondiale dont les perspectives s'assombrissent, ils les ont aussi pressés de tenir leurs promesses.

"Nous avons entendu des choses encourageantes de la part de nos collègues européens à Paris sur un nouveau plan complet" pour endiguer la crise, a commenté à l'issue de la réunion le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner. Mais les problèmes des finances publiques des uns et des autres ont déjà profondément affecté la conjoncture mondiale. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a évoqué l' "évolution négative" du climat ces dernières semaines, "en train de toucher les pays émergents".
Du coup, un certain nombre d'entre eux dont le Brésil et la Chine ont poussé à un renforcement des moyens financiers du FMI, pour lui permettre de soutenir l'Europe si la crise s'étendait à des grosses économies comme l'Italie et l'Espagne.

L'idée est cependant loin de faire l'unanimité : si la France y est favorable, l'Allemagne est très réticente, tout comme les États-Unis.

Dans leur communiqué final les pays du G20 se contentent donc de s'engager à ce que le FMI soit doté de ressources "adéquates", et à approfondir le sujet lors du sommet de leurs dirigeants à Cannes, dans le Sud-Est de la France, les 3 et 4 novembre.

La réunion des ministres des Finances des vingt principaux pays riches et émergents, servait officiellement de simple préparation à celle de Cannes.

D'ici là, les Européens doivent avoir trouvé une solution à leurs problèmes les plus pressants : le sort de la Grèce, pour laquelle une restructuration d'envergure de la dette se dessine, la recapitalisation des banques européennes et le renforcement de la "puissance de feu" du Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour les pays fragiles de la zone euro.

Un sommet européen à Bruxelles le 23 octobre devra s'acquitter de la tâche. Ses résultats seront "décisifs", a promis le ministre des Finances français, François Baroin, tandis que son confrère allemand Wolfgang Schäuble a assuré : "nous avons confirmé à nos collègues que nous étions conscients de notre responsabilité". "Nous trouverons une solution pour la Grèce", a-t-il martelé devant la presse.

Cette responsabilité, les dirigeants des autres pays du G20 n'ont pas perdu une occasion de la rappeler à la zone euro, dont les problèmes qui font tache d'huile hypothèquent la croissance mondiale.

Une avancée sur des flux de capitaux

La crise européenne a éclipsé les autres priorités de la présidence française du G20. Mais le G20 a assuré le 15 octobre avoir franchi une étape "fondamentale" sur la voie d'une régulation des flux financiers spéculatifs vers les pays émergents -violents et sources de déstabilisation économique- mais le dispositif doit encore être affiné et faire ses preuves. "C'est une évolution fondamentale", s'est félicité le ministre français des Finances, François Baroin. L'accord en trois points a été obtenu à l'issue d'une réunion à Paris avec ses collègues du G20.

Jusqu'à présent, a encore souligné M. Baroin, cette question était "marquée par une doctrine qui récusait toute restriction à la libre circulation des capitaux".
Une analyse partagée par Philippe Martin, professeur d'économie à Science, Po. "Les restrictions sur les mouvements de capitaux étaient inenvisageables avant la crise de 2008", a-t-il souligné. Elles allaient "à l'encontre de l'idée que les capitaux vont là où les rendements sont les plus élevés".
Pour le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, le groupe de travail qui planchait depuis plusieurs mois sur ce sujet épineux à la demande de la présidence française du G20, est au moins arrivé à "une conclusion très importante".

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