Des experts se penchent sur la gestion de la grippe pandémique H1N1 de l'OMS

Des experts ont abordé le 12 avril à Genève certaines questions cruciales dans le débat sur la gestion internationale de la grippe pandémique H1N1, alors que les critiques à ce propos se sont multipliées contre l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Nous voulons savoir ce qui a bien fonctionné. Nous voulons savoir ce qui n'a pas marché et, dans l'idéal, pourquoi ? Nous voulons savoir ce qui aurait pu être amélioré et, dans l'idéal, comment?", a expliqué la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan.

Le comité de 29 experts de 28 pays est une réponse de l'OMS aux accusations selon lesquelles elle a exagéré la menace de la première pandémie du 21e siècle sous l'influence des laboratoires pharmaceutiques, amenant ses 193 pays membres à acheter bien plus de vaccins que nécessaire.

Les experts, qui doivent rendre leur premier rapport intérimaire d'ici au mois de mai, ont abordé de front une question cruciale : la difficulté d'évaluer la virulence d'une maladie contagieuse en termes de mortalité et non seulement selon sa répartition géographique.

En juin 2009, 2 mois après sa découverte au Mexique et aux États-Unis, l'OMS a déclaré que la grippe était une "pandémie" en se fondant principalement sur sa progression rapide.

Cette décision a automatiquement déclenché, en vertu des règlements de santé internationaux, une batterie de mesures, dont la recommandation d'une vaccination à grande échelle de la population.

L'élaboration du règlement sanitaire international, texte qui régit la réponse aux crises sanitaires à l'échelle mondiale, a eu lieu alors que la grippe aviaire H5N1, très virulente avec un taux de décès de plus de 60% des personnes infectées, était encore présente dans tous les esprits, ont rappelé plusieurs experts. "Nous nous attendions à ce que (la grippe H1N1) soit beaucoup plus grave", a souligné le professeur australien John Mackenzie.

Le virus H1N1 a fait 17.700 morts confirmés en laboratoire dans plus de 200 pays et territoires, selon l'OMS, un chiffre bien inférieur aux nombres de décès causés par une grippe saisonnière classique.

La virulence est d'autant plus difficile à évaluer que "de nombreux pays n'ont pas la capacité de déterminer de façon fiable la gravité (en termes de mortalité) du virus", a fait valoir Martin Cetron, du Centre de contrôle et de prévention des maladies d'Atlanta (États-Unis).

Certains pays pauvres ne tiennent même pas de registres de naissance et de décès, a noté Mme Chan.

Même si "le monde était plus préparé que jamais" quand la grippe H1N1 est apparue, la réponse internationale n'a pas été tout à fait satisfaisante, a reconnu le conseiller spécial de l'OMS sur les grippes pandémiques Keiji Fukuda. Il a noté qu'il y avait eu "de la confusion" dans la communication sur la pandémie et le virus. La gestion du phénomène, à la fois "global" et "complexe", n'a pas été assez souple.

Le comité d'experts, dont la première réunion dure jusqu'au 14 avril, doit rendre ses conclusions en janvier 2011.

AFP/VNA/CVN

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