La première de ces habitations, un prototype, est presque terminée aux abords du village de Sabon Yelwa, près de Kaduna, ville du Nord du pays le plus peuplé d'Afrique avec ses plus de 160 millions d'habitants.
Des milliers de bouteilles en plastique usagées, remplies de sable, empilées, reliées avec des cordes et recouvertes de boue et de ciment, constituent ses murs. On n'aperçoit plus que leurs bouchons de toutes les couleurs qui dépassent et donnent à la demeure une allure unique.
À ce détail près, la maisonnette de 58 mètres carrés qui comprend deux chambres à coucher, une cuisine et une salle de bains, ressemblerait à n'importe quelle autre.
"C'est la première maison construite avec des bouteilles en Afrique", se félicite Christopher Vassiliu, de l'ONG Development Association for Renewable Energies (DARE), un groupe basé à Kaduna à l'initiative du projet.
DARE a reçu l'appui d'experts d'une organisation en Grande-Bretagne, Africa Community Trust.
L'innovation pourrait largement contribuer à "répondre à l'énorme besoin en logements du Nigeria, tout en nettoyant son environnement très pollué", dit M. Vassiliu, en faisant le tour du propriétaire.
Les bouteilles remplies de sable, pesant 3kg chacune, sont plus solides que des parpaings, assurent les inventeurs du logis, en égrenant une liste d'arguments en sa faveur : solide, bon marché et bon pour l'environnement.
Plus solide que des parpaings
Ces maisons pourront avoir jusqu'à deux étages, mais pas plus, en raison du poids des bouteilles, souligne Yahaya Ahmad, coordinateur du projet.
Alimentées en électricité grâce à des panneaux solaires et à du méthane recyclé provenant d'excréments humains et animaliers, elles n'émettront en outre aucun gaz à effet de serre.
"Le Nigeria a un problème sérieux de déchets et d'énergie, ce projet est un petit pas vers une amélioration", estime Katrin Macmillan, une militante britannique pour l'environnement impliquée dans le projet. Une bouteille en plastique met "des centaines d'années" à se dégrader dans la nature, rappelle-t-elle.
Et le Nigeria en consomme quotidiennement quelque trois millions, selon les spécialistes de l'environnement.
Une fois terminée, la maison comptera environ 14.000 flasques. Sur le chantier, on en aperçoit des monticules, donnés par des ambassades, des hôtels et des restaurants.
Le pays fait aussi face à une pénurie de logements. Il en manquerait 16 millions selon la Banque nigériane Federal Mortgage Bank, pour un coût total de 300 milliards de dollars. Pour construire une maison en plastique, il faut compter 12.700 dollars, soit quatre fois moins que pour un logement conventionnel, souligne M. Vassiliu, un ingénieur grec spécialisé dans les forages, qui vit au Nigeria depuis 30 ans.
En janvier devrait démarrer la construction sur ce modèle de plusieurs salles de classes d'une école de Suleja, dans le Centre du Nigeria. Un projet qui engloutira 200.000 bouteilles usagées, selon Mme Macmillan.
AFP/VNA/CVN