Delta du Mékong : coopération régionale dans la fruiticulture

Le delta du Mékong possède les conditions climatiques et géologiques favorables pour développer des zones de fruiticulture spécifiques de grande valeur économique. Il faut cependant élaborer une stratégie de développement durable pour augmenter la valeur de la production.Le delta du Mékong abrite 274.000 ha de fruiticulture produisant annuellement plus de 2,7 milliards de tonnes.

C'est la plus grande région de fruiticulture du pays et le plus grand fournisseur de fruits du marché domestique. Les variétés de fruits qui sont connues dans comme hors du pays sont la mangue Hoà Lôc, le durian Chin Hoa, le pamplemousse Nam Roi, la pomme étoilée Lo Rèn, le mangoustan Tân Quy, le mandarin Lai Vung, l'ananas Câu Duc...

Pour exploiter les atouts des cette région et augmenter la valeur de ses produits, les villes et provinces du delta mettent en œuvre le projet de "Coopération dans la consommation de fruits dans la région du fleuve Tiên". Actuellement, celui-ci voit la participation de plus de 80 coopératives, entreprises, centres et instituts d'études de Hô Chi Minh-Ville et des provinces de Long An, Tiên Giang, Dông Thap, Bên Tre, Vinh Long et Trà Vinh, pour une mise en oeuvre sur 210.000 ha de cultures.

Ce projet institue une coopération entre producteurs, distributeurs et scientifiques dans la production et la commercialisation de fruits cultivés suivant les normes GAP (Good Agriculture Practice) pour augmenter la compétitivité de ces produits et faire du delta du Mékong un centre de production et d'approvisionnement en fruits de tout le pays.

Les associations agricoles donnent aux agriculteurs des connaissances sur les cultures conformes aux nomes GAP, les guident dans les processus de production correspondant de la culture à la transformation en passant par la cueillette et la conservation, dans le développement des débouchés et la promotion du commerciale avec marchés potentiels tels la Chine, la République de Corée et les pays européens. En outre, la région s'attache à créer des marques commerciales pour ses fruits.

Une valeur économique élevée

Tiên Giang est une province où la superficie de fruiticulture augmente rapidement. Elle en compte actuellement 69.000 ha, soit 10% du total national, et dont 93% suivent les normes GAP. Vingt variétés de fruits sont cultivées dont sept, à savoir pomme étoilée Lo Rèn Vinh Kim, mangue Hoà Lôc, pamplemousse Cô Co, durian Ngu Hiêp, ananas Tân Lâp, fruit du dragon Cho Gao et cerise Go Công, constituent non seulement des spécialités mais aussi sont couvertes par une marque commerciale.

L'année dernière, Tiên Giang a été le plus grand cultivateur de fruits du pays avec une production de 900.000 tonnes d'une valeur de plus de 5.400 milliards de dôngs. Chaque hectare rapporte de 80 millions à 100 millions de dôngs. Un tel succès résulte de l'application par les fruiticulteurs de nouvelles technologies, ainsi que de l'étude des goûts des consommateurs en vue d'améliorer la qualité de leurs produits.

Les fruits de Tiên Giang occupent une place importante sur le marché. Les pommes étoilées Lo Rèn Vinh Kim (district de Châu Thành) sont devenues les premiers produits du delta du Mékong répondant aux normes Global GAP. Le président de la coopérative de culture de pommes étoilées Lo Rèn Vinh Kim, Nguyên Van Ngàn, indique qu'actuellement, la commune de Vinh Kim compte 3.000 ha de telles cultures, avec une production annuelle de 30.000 tonnes. Sa coopérative réunit 51 familles exploitant 55 ha aux normes Global GAP avec une production de 400 tonnes/an. Grâce à une qualité supérieure, le prix des pommes étoilées Lo Rèn est plus élevé, de 20.000 à 22.000 dôngs le kilo en saison et de 40.000 dôngs hors saison, permettant à chaque agriculteur de gagner environ 200 millions de dôngs/an. Pendant la saison 2010-2011, la coopérative en a fourni 350 tonnes dont dix tonnes exportées sur le marché européen. Aujourd'hui, la production ne parvient plus à satisfaire la demande croissante des consommateurs.

La mangue Hoà Lôc, une des sept spécialités de cette province, répond aux exigences internationales d'une appellation d'origine contrôlée. Cette année, la coopérative de culture de cette mangue de la commune de Hoà Hung (district de Cai Bè) en a exporté plus de 100 tonnes au Japon et d'autres pays d'Asie. Selon les cultivateurs, chaque hectare de culture dégage plus de 200 millions de dôngs. Les ananas Tân Lâp sont depuis peu aux normes VietGAP. Les fruits du dragon Cho Gao, les ramboutans Tân Phong et les cerises Go Công sont également en pleine conquête du marché.

La province de Bên Tre possède la plus grande superficie de culture du cocotier du delta du Mékong, avec 50.000 ha, et une production annuelle de 360 millions de fruits. Les agriculteurs gagnent 50-60 millions de dôngs/an. La province développe également 4.000 ha de pamplemousses dans la commune de Bên Tre, les districts de Mo Cây, Cho Lach, Châu Thành, pour un investissement de 160 milliards de dôngs. L'objectif est d'obtenir des pamplemousses de qualité aux normes GAP pour l'exportation, de créer une marque commerciale ainsi que des coopératives de culture.

En ce moment, Bên Tre est en pleine saison de récolte de pamplemousses, avec une productivité de dix tonnes/ha. Le cultivateur Nguyên Huu Dung, district de Mo Cày, possède trois hectares de pamplemousses ayant produit cette année plus de 30 tonnes de fruits dont la vente rapporte 200 millions de dôngs.

Le Département de propriété intellectuelle du ministère des Sciences et des Technologies a récemment remis les certificats de marque commerciale aux fruits de la province de Vinh Long dont l'orange Tam Binh, le pamplemousse Nam Roi Hoàng Gia et My Hoà. Vinh Long compte actuellement 40.000 ha de fruiticulture produisant annuellement plus de 400.000 tonnes.

Elle a planifié des zones de culture réservées aux pamplemousses, oranges, longanes et ramboutans, et renforcé la création de marques commerciales pour augmenter la valeur des fruits. Le directeur adjoint du Service de l'agriculture et du développement rural de Vinh Long, Nguyên Van Liêm, insiste qu'il faut d'abord conquérir les consommateurs domestiques puis ceux de l'étranger. C'est pourquoi il faut cultiver sur de grandes superficies en appliquant les normes Global GAP afin d'augmenter la qualité des produits.

Ces derniers temps, des scientifiques vietnamiens et étrangers, des associations ainsi que des entreprises ont investi dans la création de modèles de zones de culture aux normes Global GAP qui ont abouti aux premiers résultats encourageants. Ainsi, la compagnie Hoàng Gia a développé 30 ha de culture de pamplemousses permettant d'en exporter annuellement 100 tonnes. Les oranges de Tam Binh ont reçu en 2003 leur certificat de marque. Le Comité populaire du district de Tam Binh a créé la coopérative My Thành Trung dont l'objet est la culture et la commercialisation d'oranges.

Selon des spécialistes en marque, la bonne qualité des pamplemousses Nam Roi et oranges Vinh Long, ainsi que leur réputation grandissante en dehors du pays, sont de bonnes conditions pour développer des marques fortes, même si le marketing et la publicité sur ceux-ci connaît encore des difficultés.

Le président de la coopérative des pamplemousses Nam Roi My Hoà, Trân Van Sang, ajoute que cette dernière a proposé à la province de soutenir l'augmentation de la superficie culturale de ce fruit en conformité aux normes Global GAP afin d'améliorer la production tout en réduisant son coût. Il a notamment proposé que l'État prennent des mesures d'accès à des crédits préférentiels afin qu'elle puisse développer les cultures.

Surmonter les difficultés

En dehors de Tiên Giang et Bên Tre, d'autres provinces du delta comme Dông Thap, Vinh Long, Trà Vinh, Long An ou encore la ville de Cân Tho appliquent aussi les normes GAP pour relever leurs chiffres d'affaires annuel de l'ordre de 100 millions de dôngs/ha.

Toutefois, selon le comité de gestion du projet de coopération dans la culture aux normes GAP, la situation des relations entre les provinces de cette région ne leur permet pas d'exploiter leurs atouts de manière optimale.

Les agriculteurs se heurtent à des exigences de plus en plus élevées des marchés importateurs en terme d'appellation d'origine, etc., aux conséquences du changement climatique avec, en premier lieu, la salinisation de l'eau et des terres. Le bilan en demeure au même stade : leurs fruits sont majoritairement consommés par le marché domestique, et les exportations relèvent pour l'essentiel d'intermédiaires.

Pour remédier à une telle situation, le chef de l'Institut d'études des arbres fruitiers du Sud, le Docteur Nguyên Minh Châu, souligne en premier lieu que les localités doivent privilégier un développement durable de leurs infrastructures. Elles doivent, en second lieu, optimiser leur fruiticulture au regard de la nature de leurs sols, en encourageant les agriculteurs à suivre les normes VietGAP et/ou Global GAP pour satisfaire aux critères d'importation de plus en plus élevés des marchés étrangers.

Par ailleurs et plus globalement, il est nécessaire de définir des politiques de soutien des agriculteurs dans l'accès au crédit bancaire, ainsi qu'organiser des formations de perfectionnement aux techniques de culture. Ces derniers temps, les instituts et écoles ont fourni de nouvelles variétés plus performantes aux agriculteurs et les assistent durant les récoltes pour conserver leur production puis la commercialiser. Le point sur lequel veiller est bien sûr de maintenir une qualité élevée parallèlement à l'amélioration du rendement des cultures, ce qui implique une coopération entre agriculteurs et scientifiques. Cette condition est nécessaire pour le développement des marques de fruits du Vietnam et, plus spécifiquement, du delta du Mékong, lequel nécessite à nouveau une coopération mais cette fois entre agriculteurs et distributeurs.

Le delta du Mékong, d'une superficie de 55.000 km2, comprend les 12 provinces de An Giang, Bên Tre, Bac Liêu, Cà Mau, Dông Thap, Hâu Giang, Kiên Giang, Long An, Soc Trang, Tiên Giang, Trà Vinh, Vinh Long et la ville de Cân Tho. Sa population totale s'élève à 18 millions d'habitants. Cette région représente 55% de la production vivrière nationale, 90% du riz destiné à l'exportation, 70% de la production de fruits. Il concourt à 60% du chiffre d'affaires des exportations nationales de produits aquatiques, et participe à hauteur de près de 27% au PIB national.

Hà Minh/CVN

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