>> France : l'inflation en dessous des 2% en août, une première depuis trois ans
>> La France peut tenir son objectif d'un déficit public à 5,1% du PIB en 2024 et 3% en 2027
Le président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, à Paris le 12 mars. |
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"L'objectif de déficit pour l'année 2024 (...) ne sera pas atteint", a déclaré M. Moscovici, devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Il a cité notamment des recettes fiscales qui risquent d'être moins élevées qu'attendu, des dépenses des collectivités locales en hausse et des économies non réalisées.
"Nous sommes (...) devant une situation de finances publiques que je considère comme vraiment inquiétante. Je pense aussi que le budget pour 2025 sera sans doute le plus délicat ou un des plus délicats de la Ve République", a-t-il poursuivi.
Dans une note datée de juillet, le Trésor a prévenu d'un risque de dérapage du déficit à 5,6% du PIB en 2024, à politique inchangée, alors que la France est déjà épinglée par Bruxelles pour déficit excessif.
"Compte tenu des nouvelles médiocres sur les recettes fiscales et les dépenses, ce chiffre est peut-être le moins mauvais que l'on puisse espérer", a souligné Pierre Moscovici.
"Quelles que soient (...) les options politiques des différentes forces présentes au Parlement, (...), la France doit impérativement maintenant réduire son déficit public et replacer la dette sur une trajectoire descendante", a-t-il ajouté.
"Pas un tigre asiatique"
Il a plaidé pour que le prochain gouvernement présente "une trajectoire crédible" en ce sens, qualifiant de déjà "caduque" celle affichée par le gouvernement démissionnaire à l'hiver 2023 puis au printemps 2024.
"Il est impératif de dire la vérité aux Français à travers le projet de loi de finances" pour 2025 qui est censé être présenté au Parlement début octobre, "puis le plan budgétaire national de moyen terme que le gouvernement doit transmettre à la Commission (européenne) quelques jours après", a souligné M. Moscovici.
Par ailleurs, le patron de la Cour des comptes a jugé "ni possible ni souhaitable" de ramener le déficit public sous les 3% de PIB en 2027, un objectif encore récemment réaffirmé par le ministre démissionnaire de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire.
Cela supposerait de réaliser des économies trop massives qui pénaliseraient la croissance, selon lui : à politique inchangée, elles ont été chiffrées à 110 milliards d'euros à horizon 2027 par le Trésor.
Revenir à 3% du PIB en 2029, afin de se conformer aux règles budgétaires européennes, "me paraît plus raisonnable", a-t-il dit.
Pour assainir les finances publiques, Pierre Moscovici a plaidé pour une "maîtrise des dépenses raisonnée, tout le contraire de la politique du rabot qui n'a jamais fait ses preuves".
"La réduction brutale, uniforme, des dépenses publiques n'est pas une solution pour réaliser ces économies. Il faut opérer intelligemment et efficacement en agissant sur la qualité de la dépense", a-t-il souligné.
"N'attendons pas de remède miracle par la croissance (...) La France a une croissance plus résiliente que ses partenaires, ce n'est pas un tigre asiatique", a-t-il ajouté, taclant ainsi une des voies privilégiées par le gouvernement sortant.
Concernant d'éventuelles hausses d'impôts, les marges de manœuvre sont limitées, alors que le taux de prélèvements obligatoires est "déjà très élevé", a-t-il estimé.
AFP/VNA/CVN