>>La Bourse d'Athènes encaisse une chute record pour sa réouverture
La pression sur les monnaies régionales, une dégradation des perspectives économiques et un ralentissement de la croissance avaient alors durement affecté des économies asiatiques émergentes.
Mais la fin du système de taux de change fixe est la principale différence aujourd’hui, qui devrait faire en sorte que ces économies fléchissent sans s’effondrer, soulignent des experts.
La Bourse de Malaisie à Kuala Lumpur, le 28 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Car avant 1997, les gouvernements de pays tels la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie et la Corée du Sud avaient arrimé leur monnaie au dollar. Cette situation a favorisé l’injection dans leurs économies de fonds étrangers à des taux d’intérêt relativement faibles, qui ont alimenté des bulles spéculatives sur les marchés financiers et immobiliers, masquant les déséquilibres économiques qui s’accumulaient.
Mais lorsque la croissance a ralenti et que les investissements spéculatifs ont entraîné un retournement de situation, les monnaies de ces pays ont été soumises à de fortes pressions, contraignant les gouvernements à ponctionner des milliards dans leurs précieuses réserves en dollars pour soutenir leurs devises.
Finalement, le système de taux change fixe encourageant à contracter des dettes en dollars a été abandonné, et les économies se sont effondrées.
"À l’époque, le château de carte s’est écroulé. Mais aujourd’hui, sans parité fixe, les taux d’intérêt sont en mesure d’alléger la pression locale, comme une valve de sécurité", explique Song Seng Wun, économiste à CIMB Private Banking. "C’est la différence la plus importante", souligne-t-il.
Plus solides
La crise de la fin des années 1990 a aussi mis en exergue une série de défaillances en matière de contrôles réglementaires, en particulier dans les activités bancaires et de crédit. La plupart des problèmes ont depuis été réglés.
"Tout cela a véritablement renforcé la capacité à résister aux chocs", constate Rajiv Biswas, chef économiste pour l’Asie-Pacifique chez IHS.
"Il s’agit de ne pas répéter les mêmes erreurs. Mais l’un des grands problèmes maintenant est de savoir si l’Asie peut résister au choc d’une crise grave et prolongée de la Chine", dit-il.
Les économies à travers l’Asie et le reste du monde sont devenues dépendantes de la demande chinoise pour l’exportation de leurs minerais, bois, ressources énergétiques et autres matières premières.
Mais le ralentissement de la croissance chinoise entraîne des ventes massives sur les marchés émergents, dans la mesure où les investisseurs dans le monde recherchent des valeurs plus sûres, tels des actifs américains.
"Le Brésil est particulièrement vulnérable dans la mesure où il s’agit d’un important exportateur de matières premières tels du fer et du soja à la Chine, alors que son économie est déjà en récession", observe M. Biswas.
D’autres pays tels le Chili, la Russie, l’Afrique du Sud et la Malaisie voient déjà ou vont bientôt voir leurs exportations diminuer, selon des experts.
Le ralentissement cette année de la croissance chinoise à 7% (après des taux allant jusqu’à 10%) et la récente dévaluation du yuan par Pékin - qui accentue la pression sur d’autres monnaies - laissent à penser que l’état de son économie est moins bon qu’on ne le pense.
"Je ne m’attends pas à quelque chose comme la crise financière de 1997, mais si la Chine subit un atterrissage brutal et que la croissance est faible pendant des années, cela pourrait créer des problèmes pour l’Asie", prédit M. Biswas.
La plupart des monnaies asiatiques ont fortement chuté par rapport au dollar cette année, mais les fondamentaux économiques de la région sont beaucoup plus solides qu’il y a 18 ans, et d’une certaine manière, des monnaies plus faibles favorisent les exportations, indique pour sa part M. Song.
"Les activités ralentissent, mais pas à une vitesse qui pourrait voir ces économies entrer en récession, donc je ne suis pas inquiet", conclut-il.