En marge de la Conférence des conseillers au commerce du Vietnam 2011 qui vient de s'achever à Hanoi, Nguyên Duy Phu, conseiller au commerce de l'ambassade du Vietnam en Chine, a accordé une interview à l'Agence Vietnamienne d'Information sur les opportunités et défis ainsi que les mesures pour rééquilibrer le commerce bilatéral.
- Quelles appréciations avez-vous des perspectives des exportations vietnamiennes en Chine ?
La Chine est un des très grands marchés du monde avec une population de 1,3 million et un revenu per capita de près de 5.000 dollars. Privilégiant depuis un certain temps la croissance de ses importations de produits minéraux et de technologies modernes, elle présente un fort potentiel pour le Vietnam.
Actuellement, le Vietnam y exporte trois catégories de produits agro-sylvo-aquatiques, minerais et industriels. Pour ces derniers, les exportations de produits de hautes technologies et d'électronique devraient augmenter dans les temps à venir, ce qui est désormais possible compte tenu de l'augmentation actuelle au Vietnam de l'investissement direct étranger dans ce secteur, dont de grands groupes mondiaux comme Samsung. Pour les produits agricoles, leur exportation connaît une bonne croissance, régulière. Si la Chine renforce aujourd'hui la gestion de la qualité et de la sécurité alimentaire des produits qu'elle importe, notamment de ceux de première nécessité, cela n'est pas préoccupant pour les entreprises vietnamiennes qui respectent la réglementation chinoise.
- Les litiges commerciaux entre entreprises des deux pays ont tendance à augmenter, quelles sont vos recommandations en votre qualité de conseiller au commerce de l'ambassade du Vietnam en Chine ?
C'est exact, encore faut-il préciser de quel type de litige, ainsi ne s'agit-il certainement pas encore de contentieux de l'anti-dumping suivant les règles de l'Organisation mondiale du commerce. Notre service du commerce à Pékin a en revanche fait un tel constat dans les importations au Vietnam de produits chinois, et il est intervenu de plus en plus ces derniers temps dans leur règlement. Il s'agit en général de problèmes de qualité qui ne répondent à ce qui avait été convenu contractuellement... Compte tenu de cette évolution, je ne puis que recommander aux entreprises domestiques de contrôler les produits qu'elles importent de Chine avant leur transport dans notre pays.
- Les importations excédentaires du Vietnam ont atteint plus de 12,3 milliards de dollars lors des 11 premiers mois de l'année, soit une hausse de près de 7% en glissement annuel. Quelles mesures faut-il prendre pour rééquilibrer la balance du commerce bilatéral ?
Cela me paraît assez délicat actuellement car de plus en plus d'entreprises chinoises investissent au Vietnam, et notamment dans la réalisation d'ouvrages d'infrastructures, ce qui inévitablement entraîne une augmentation des importations de Chine, telles les équipements. Dans cette mesure je pense que ces importations ne vont pas diminuer dans les années à venir.
Cela dit, il y existe toujours plusieurs moyens de rééquilibrer le commerce et, en l'occurrence, nos entreprises doivent faire en sorte d'améliorer la valeur ajoutée des produits qu'elles exportent en Chine, ce qui peut consister - au plus simple - par une plus grande qualité..., sans préjudicier à un développement des exportations de produits industriels, ceux-ci possédant intrinsèquement une plus forte valeur ajoutée. Ensuite, et concomitamment, les administrations et organisme doivent appliquer les mesures prises pour limiter les importations nationales, surtout d'équipements et de matières premières que le Vietnam peut fabriquer ou produire, ce qui concerne l'ensemble du commerce extérieur de notre pays, au-delà de celui bilatéral avec la seule Chine.