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Sur le lieu de la collision entre un autocar et un camion, survenue le 23 octobre à Puisseguin. |
Le soir du 23 octobre, le bilan restait incertain 14 heures après le drame, un doute subsistant sur le nombre - 41 ou 42 - de personnes décédées à bord de l'autocar. Si la seconde hypothèse devait se vérifier, le bilan final s'alourdirait à 44 morts.
Cet accident reste le plus meurtrier depuis celui qui en 1982 avait coûté la vie à 53 personnes à Beaune (Côte d'Or). "On peut avoir des personnes inscrites qui ne se trouvaient pas dans ce car, et l'inverse. Il y avait une liste dans le car qui n'a pas pour l'instant été retrouvée", a déclaré le procureur de la République de Libourne, Christophe Auger, qui dirige l'enquête, lors d'une conférence de presse.
"C'est pour ça que j'ai annoncé 41 ou 42 victimes", a-t-il ajouté, expliquant que le bus "prenait des passagers à différents endroits, sur les communes" avec, semble-t-il, une "dernière étape à Petit-Palais", d'où le bus est parti aux alentours de 07h00 pour une excursion d'une journée dans les Pyrénées-Atlantiques. Le chauffeur du camion, âgé d'une trentaine d'années, fait partie des morts, de même que son fils de trois ans. Chauffeur "expérimenté", il était le fils du responsable d'une société de transports basée à Saint-Germain-Clairefeuille (Orne). Il était allé livrer du bois et était sur le retour.
Des gestes "héroïques"
La collision s'est produite peu avant 07h30 sur la commune de Puisseguin, sur la route départementale 17. Les deux véhicules se sont embrasés aussitôt. "Les premières constatations nous laissent entrevoir que le camion était en portefeuille en travers de la route et que le bus l'a percuté, d'autant que le virage est incurvé", a indiqué à l'AFP le colonel Ghislain Réty, commandant du Groupement de gendarmerie de Gironde.
Le chauffeur du car, légèrement blessé, "a eu un réflexe héroïque au péril de sa vie", a expliqué le Dr Philippe Flipot, généraliste à Puisseguin, appelé à son cabinet tôt vendredi pour prendre en charge les rescapés. "C'est lui qui a aidé les rescapés à sortir du bus. Et d'ailleurs, il avait le visage cramoisi, il a sans doute été légèrement léché par les flammes". Les gendarmes ont salué une autre geste "héroïque", celui d'un automobiliste qui suivait l'autocar "et qui a eu le réflexe de briser des vitres et d'aider à sortir quelques personnes".
"Le feu a démarré tout de suite. C'était comme un éclair", se souvient pour sa part Jean-Claude Leonardet, 73 ans, l'un des rares rescapés de l'accident dans une vidéo mise en ligne par le quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France. "Tout est allé très vite", raconte ce charpentier retraité qui était dans l'autocar avec son épouse Josette. "Il faut faire fissa pour se sortir. Il y avait du monde au portillon !", se souvient-il.
Peu après l'accident, le président François Hollande, en déplacement en Grèce, a annoncé que "le gouvernement français est totalement mobilisé sur cette terrible tragédie" et qu'il se rendrait sur place "le moment venu". "C'est un choc terrible pour la France", "une catastrophe effroyable", a réagi le Premier ministre Manuel Valls, qui s'est rendu sur place avec le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies, et a rencontré des familles. Tous trois se sont rendus sur le site de l'accident.
Trois semaines pour identifier
Huit passagers de l'autocar ont réussi à sortir du piège du brasier : vendredi soir 23 octobre, deux personnes se trouvaient "dans un état critique", avec pronostic vital engagé, selon le Procureur. Deux autres sont dans un état grave, mais leur vie n'est pas en danger. Quatre personnes sont plus légèrement blessées.
Inspection de la carcasse de l'autocar entré en collision avec un camion, le 23 octobre à Puisseguin. |
Dans le village de Petit-Palais et-Cornemps (756 habitants), une des communes les plus durement frappées par la tragédie, avec "28 personnes décédées", selon Annick, une habitante, une veillée de prières pour les familles et les habitants a été organisée en début de soirée dans la petite église.
Des familles allaient et venaient vers l'église bondée, en se soutenant, en larmes, a constaté l'AFP. "J'ai perdu trop de monde d'un seul coup", soufflait, bouleversé, Jean Solans, un habitant de Petit-Palais-et-Cornemps, qui a perdu "un frère, des voisins, des amis".
Selon le Conseil départemental de Gironde, sur les cinq dernières années, aucun accident n'a été constaté sur le virage concerné : "Il est réglementairement signalé par des balises de virage et des panneaux de virage et la vitesse y est limitée à 90 km/h", a-t-il précisé.
Une soixantaine de pompiers, appuyés par une vingtaine de véhicules et des hélicoptères, participent aux opérations de secours très pénibles, notamment en ce qui concerne l'identification des victimes, qui devrait entrer dans sa phase active samedi matin.
"Trois semaines pourraient être nécessaires pour une identification formelle", a précisé un membre de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).
Ce drame a provoqué une vive émotion en France et en Europe : les messages de solidarité ont afflué. La chancelière allemande Angela Merkel a présenté ses condoléances et sa "compassion toute personnelle" à François Hollande.