>>La crise migratoire et le terrorisme bousculent l'ordre du jour de la session de printemps
Le président américain Barack Obama prononce un discours, le 23 juin à la Maison-Blanche, à Washington. |
Photo : EPA/VNA/CVN |
Le tournant judiciaire est "frustrant" et "douloureux" pour des millions d'immigrés en situation irrégulière, a immédiatement souligné le président américain, tentant de placer le sujet au cœur de la campagne qui désignera son successeur à la Maison Blanche.
"Si nous voulons véritablement résoudre ce problème, il faut que le Congrès vote une loi", a martelé M. Obama pour mieux insister sur l'importance de l'échéance du 8 novembre, au cours de laquelle les Américains seront aussi appelés à renouveler une partie de leurs représentants au Congrès.
À sept mois de son départ, M. Obama, qui n'a plus le temps de revoir sa copie, doit se résoudre à déplorer le statu quo. "L'immigration n'est pas quelque chose dont il faut avoir peur", a-t-il une nouvelle fois martelé, dans une allusion à peine voilée à Donald Trump.
L'immigration est l'un des chevaux de bataille du candidat républicain à la présidentielle qui a promis de dresser un mur à la frontière avec le Mexique, électrisant davantage un débat à fort clivage. "Nous sommes une nation d'immigrants", a encore dit M. Obama.
"La décision déchirante de la Cour suprême sur l'immigration pourrait séparer quelque 5 millions de familles menacées d'expulsion. Nous devons faire mieux", a lancé en écho sur Twitter la candidate démocrate Hillary Clinton.
L'arrêt de la Cour suprême, obtenu sans majorité, à quatre juges contre quatre, se traduit par une poursuite de l'actuel blocage des décrets Obama sur cette question extrêmement chargée politiquement, en pleine année électorale.
Onze millions de clandestins
M. Obama avait annoncé en novembre 2014 une série de mesures règlementaires s'assimilant à des régularisations temporaires pour quelque 4 à 5 millions de migrants majoritairement hispaniques.
Ces décrets prévoyaient pour eux la délivrance de permis de travail, mais une vingtaine d'États, pratiquement tous à majorité républicaine, ont refusé de les appliquer.
Ils ont aussi souvent obtenu des décisions de tribunaux soulignant que le chef de l'État avait outrepassé ses droits en court-circuitant les parlementaires.
De fait, l'initiative phare d'Obama est demeurée au point mort, alors qu'il avait fait de ce dossier l'une de ses priorités en arrivant au pouvoir en 2009. La décision de la Cour suprême revient à l'enterrer encore plus profondément.
Le président américain a profité de l'occasion pour dénoncer l'attitude de ses adversaires républicains qui refusent d'examiner la nomination de Merrick Garland, un progressiste modéré, à la Cour suprême, prolongeant une situation de blocage.
Aux termes de la Constitution américaine, les neuf magistrats de la plus haute instance judiciaire - régulièrement appelée à se prononcer sur les grands débats de société - sont nommés à vie par le président. Il appartient ensuite au Sénat d'approuver ou non ce choix.
Le camp conservateur n'a pas tardé à se réjouir de cette annonce. "Cette décision aujourd'hui conforte ce que nous maintenons depuis le début: une personne, quand bien même serait-elle le président, ne peut changer la loi de façon unilatérale", a commenté Ken Paxton, le procureur général du Texas. On estime que plus de 11 millions d'immigrants en situation irrégulière vivent aux États-Unis. Près de la moitié sont originaires du Mexique.
AFP/VNA/CVN