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Un sondage YouGov publié à la clôture des bureaux de vote a donné le maintien dans l'UE en tête à 52% contre 48%. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des sondages, des politiques et les marchés pointaient en début de soirée vers une courte victoire du maintien du Royaume-Uni au sein de l'UE, mais des résultats largement favorables au Brexit dans la ville de Sunderland ont douché cet enthousiasme.
La livre sterling, qui avait grimpé à un pic de 1,50 dollar en six mois, a aussitôt chuté à 1,45 dollar après l'annonce des résultats plaçant désormais les camps du "in" et du "out" au coude-à-coude, avec une légère inclination en faveur d'une sortie de l'UE.
À Sunderland, ville du Nord de l'Angleterre, le "out" l'a emporté à 61,34% contre 38,66%, un score plus favorable au camp du Brexit (ou British Exit), qu'escompté.
À Newcastle, première grande ville à déclarer ses résultats, le "in" ne l'a emporté mais seulement de justesse, avec 50,7% des voix.
"Cela pourrait être un vrai souci pour le camp du +Remain+. Ils comptaient sur un résultat de 59% contre 41%" dans cette ville, a commenté devant des journalistes le professeur Simon Hix de la London School of Economics.
Comme les marchés, les bookmakers, qui donnaient plus de 90% de chances au "Remain" à la clôture des bureaux de vote jeudi 23 juin à 21h00 GMT, ont également revu leurs côtes à la baisse.
Le résultat officiel de ce référendum aux enjeux colossaux pour l'avenir du Royaume-Uni et du reste de l'Europe devrait être annoncé vendredi 24 juin au petit matin (heures locales).
"Trop serré pour se prononcer"
"Il semble qu'un maintien dans l'UE ait l'avantage", avait pourtant déclaré Nigel Farage, leader du Parti europhobe Ukip, à la chaîne Sky News, peu après le début du dépouillement de ce référendum.
"J'espère qu'on se moquera de moi plus tard. Mais mon sentiment, c'est que la décision du gouvernement d'étendre de 48 heures la période pour s'inscrire sur les registres électoraux a fait pencher la balance", avait-il ensuite précisé lors d'une allocution devant ses supporters à Londres.
Un ultime sondage YouGov publié à la clôture des bureaux de vote avait donné le maintien dans l'UE en tête à 52% contre 48%. Deux autres sondages conduits avant et après le vote donnaient le même écart.
Mais une source de la campagne officielle Vote Leave a assuré à l'AFP que le résultat était encore "trop serré pour se prononcer".
L'enjeu est de taille et tous les dirigeants européens sont intervenus pour retenir les Britanniques, conscients que leur départ ferait peser une menace de désintégration du club des pays membres de l'UE.
Le président français François Hollande a estimé qu'il faudra "engager une relance de la construction européenne", quelle que soit l'issue du référendum.
Outre les conséquences économiques immédiates pour le pays et au-delà, un Brexit serait dommageable à plus long terme, ont prévenu les grandes institutions financières internationales, du FMI à l'OCDE.
Des bulletins de vote sont comptés à Belfast, le 23 juin 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Turbulences
Il ouvrirait aussi une période de turbulences politiques, avec un probable départ du Premier ministre britannique David Cameron.
Le Premier ministre britannique, qui a mis en jeu sa crédibilité en menant campagne pour le maintien dans l'UE, a voté à Londres sans faire de déclaration. Il a appelé un peu plus tard ses compatriotes à opter pour le maintien, gage selon lui d'un "avenir meilleur".
Le référendum a exposé les profondes divisions au sein des Tories et de son gouvernement conservateur, dont plusieurs membres ont fait campagne pour un Brexit.
Malgré ces divisions, 84 députés conservateurs eurosceptiques ont publié après la fermeture des bureaux de vote une lettre affirmant que David Cameron devait rester Premier ministre quel que soit le résultat du référendum.
"Nous, partisans d’une sortie et membres du parti conservateur (...) estimons que, quelle que soit la décision du peuple britannique, vous avez à la fois le mandat et le devoir de continuer à diriger la nation", ont écrit les signataires, dont Boris Johnson, chef de file du camp du Brexit et ex-maire de Londres.
Cherchant à freiner les divisions au sein de son parti conservateur, M. Cameron avait annoncé en janvier 2013 la tenue de ce référendum. Mais il a ouvert une boîte de Pandore et déchaîné les passions, attisées par les redoutables tabloïds britanniques, toujours prompts à vilipender l’UE.
Dans cette atmosphère toxique, le meurtre de la députée pro-UE Jo Cox la semaine dernière, par un homme invoquant la «liberté pour le Royaume-Uni», a sidéré le pays, sans que l’impact de ce drame sur le vote ne puisse encore être mesuré.
AFP/VNA/CVN