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La Colombie a franchi le 22 juin un nouveau pas décisif vers la paix avec la conclusion d'un accord sans précédent sur un cessez-le-feu définitif entre les FARC et le gouvernement. |
En présence de plusieurs chefs d'État et du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, le président colombien, Juan Manuel Santos, et le chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Timoleon Jimenez, doivent signer à 12h30 locales (16h30 GMT) un document sur les conditions d'une future cessation définitive des hostilités.
Une étape décisive qui permet enfin d'envisager à court terme la fin du plus vieux conflit d'Amérique latine, qui a fait depuis 52 ans au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
Cet accord, révélé le 22 juin par les négociateurs en pourparlers depuis trois ans et demi à Cuba, constituait le dernier point épineux en suspens avant la signature éventuelle de la paix entre les parties.
Le texte définit à la fois les modalités de "l'abandon des armes, des garanties de sécurité (pour la rébellion) et de la lutte contre les organisations criminelles", ont indiqué le 22 juin les négociateurs sans fournir davantage de détails.
Ces derniers n'ont pas avancé de date pour l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, tandis que sur le terrain les accrochages armés se raréfient ces derniers mois, notamment à la faveur d'une cessation unilatérale des hostilités observée par la rébellion depuis juillet 2015 en marge des pourparlers.
"Le plus probable est que le début du cessez-le feu bilatéral coïncide avec la signature finale des accords", estime Jorge Restrepo, directeur du Centre d'études, de recherches et d'analyse des conflits (Cerac).
En début de semaine, M. Santos avait estimé que le dialogue de paix pourrait parvenir à sa conclusion le 20 juillet - fête nationale en Colombie -, date à laquelle l'exécutif et la guérilla ont prévu de se réunir.
Ce dernier s’enthousiasmait le 22 juin dans un tweet sur ce "rêve qui commence à devenir réalité", mais le commandant des Farc avertissait de son côté que la paix ne serait possible que si les négociateurs du gouvernement "ne profitent pas des dernières minutes pour (tenter) d'obtenir ce qu'ils n'ont pas pu obtenir depuis quatre ans".
Le dernier point en suspens concerne le mécanisme de ratification de l'accord de paix final.
Le président Santos souhaite un référendum tandis que les FARC, après avoir longtemps exigé une Assemblée constituante, se sont récemment déclarées ouvertes à une consultation populaire, permettant d'envisager une résolution prochaine de cet ultime volet.
Une paix en trompe-l’œil ?
Lors de cette cérémonie de signature à La Havane, rébellion et gouvernement doivent notamment lever le voile sur les modalités de la démobilisation des FARC, dont les quelque 7.000 combattants devraient être placés dans des zones de concentration.
Il est déjà prévu que leur désarmement se déroule sous la surveillance d'une mission des Nations unies.
À terme toutefois, si la paix est conclue avec les FARC, cela ne signifiera pas pour autant la fin du conflit en Colombie, où la seconde guérilla du pays, l'ELN, et les bandes criminelles principalement issues d'anciens groupes paramilitaires continuent de défier le gouvernement.
"Je crois que l'activité de l'ELN, avant tout, et des BaCrim (bandes criminelles, ndlr) fait que l'on ne peut pas encore parler de la fin complète du conflit armé. Il s'agira de la fin du principal conflit armé en Colombie, mais pas de tout", estime l'analyste de l'International Crisis Group pour la Colombie, Kyle Johnson.
L'espoir est toutefois permis avec cette avancée capitale conjuguée à l'annonce, en mars dernier, du lancement prochain de pourparlers de paix entre Bogota et l'ELN après plus de deux ans de conversations préliminaires confidentielles.