>>La paix avec les FARC enfin à portée de main
>>Colombie : libération des trois journalistes retenus par l'ELN
Poignée de main entre le président colombien Juan Manuel Santos (gauche) et le chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie, Timoleon Jimenez, le 23 juin à Cuba. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Aujourd'hui est un jour historique pour notre pays (...) nous avons mis un point final au conflit armé avec les FARC", s'est réjoui le président colombien Juan Manuel Santos après avoir serré la main du chef suprême des FARC, Timoleon Jimenez, sous le regard de plusieurs chefs d'État et du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
"Puisse ce jour être le dernier de la guerre", a espéré de son côté le dirigeant des FARC. À Bogota, où plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées devant un écran géant pour suivre cette cérémonie, l'annonce a été accueillie avec émotion.
Camilo Gonzalez, retraité de la fonction publique, n'a pu contenir ses larmes. "Ça a été un chemin dramatique... des millions et des millions de victimes, de déplacés, de luttes, de rêves brisés. Mais je ne crois pas que nous soyons encore parvenus au moment de l'espérance".
L'accord entrera en vigueur à partir de la signature prochaine d'un accord de paix, dont la date n'a pas été précisée mais qui aura lieu en Colombie. Le texte établit les modalités de "l'abandon des armes, des garanties de sécurité (pour la rébellion) et de la lutte contre les organisations criminelles" au terme de pourparlers menés depuis trois ans et demi à Cuba.
Les quelque 7.000 combattants de cette guérilla issue en 1964 d'une insurrection paysanne seront placés dans 23 zones où leur sécurité sera garantie, et devront remettre leurs armes aux membres d'une mission des Nations unies qui sera dépêchée en Colombie une fois la paix signée.
Le désarmement devra être mené à bien dans les 180 jours suivant la signature d'un accord de paix final. Cette étape décisive permet enfin d'envisager pour bientôt la fin du plus vieux conflit d'Amérique latine, qui a fait depuis 52 ans au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
En outre, l'autre point à résoudre avant la signature d'une paix définitive a enregistré une avancée décisive jeudi 23 juin, avec l'annonce surprise d'un consensus sur la question de la ratification du futur accord de paix.
Les parties se sont accordées pour respecter la décision de la Cour constitutionnelle, saisie fin mai d'une proposition de référendum par le gouvernement, et qui doit se prononcer dans les prochains jours.
"Tout ne sera pas rose"
Le président Santos a rappelé jeudi 23 juin que ce conflit armé, le dernier du continent américain, avait causé "plus de 50 ans d'affrontements, de morts, d'attentats et de douleur".
Plus tôt cette semaine, il avait estimé que le dialogue de paix pourrait parvenir à sa conclusion le 20 juillet, fête nationale en Colombie.
"Tout ne sera pas rose et il faudra sûrement lutter pour l'application totale de ce qui a été conclu", a prédit le chef des FARC, reconnaissant que les portes étaient "ouvertes pour signer l'accord final dans un délai assez bref".
Interrogé par l'AFP, l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, qui préside le Conseil de sécurité pour ce mois de juin, s'est déclaré "frappé par la qualité et la force de l’engagement" pris jeudi 23 juin, réaffirmant "l'engagement total" des Nations unies derrière ce processus.
La Maison blanche a salué "un progrès important" vers la paix, rappelant que "des défis demeurent au moment où les deux parties continuent de négocier un accord de paix définitif".
AFP/VNA/CVN