Le Japon traverse actuellement sa pire phase de récession depuis que ce type d'indicateur de la santé économique du pays est calculé. C'est aussi la première fois depuis 1945 qu'il subit 4 trimestres d'affilée de recul de la richesse produite, a annoncé hier le gouvernement.
La décroissance historique de début 2009, à laquelle s'attendaient les experts, est plus sévère encore que celle enregistrée au premier trimestre de 1974, en plein choc pétrolier (-13,1%).
Le gouvernement a également révisé en nette baisse les chiffres du quatrième trimestre de 2008, précisant que le PIB avait décliné de 3,8% par rapport aux 3 mois antérieurs (-14,4% en rythme annuel), et non de 3,2% sur un trimestre comme il l'avait indiqué précédemment.
Cette longue et vertigineuse réduction d'activité au Japon provient d'un effondrement inédit des exportations, dû à la récession internationale, et d'une nette diminution de la consommation intérieure.
Durant les 12 mois d'avril 2008 à mars 2009, période budgétaire de référence au Japon, la richesse nationale produite a ainsi diminué de 3,5% sur un an, a précisé le bureau du Premier ministre.
Elle pourrait encore perdre de 3,1% à 3,3% au cours de l'année entamée le 1er avril dernier, selon les estimations respectives de la Banque du Japon et de l'État, car les 2 moteurs de l'économie japonaise sont en panne. La valeur des biens et services exportés a été inférieure de 26% en janvier-mars comparée à celle des mois d'octobre à décembre 2008. Les plus gros secteurs exportateurs industriels japonais, l'automobile et les produits de hautes technologies, sont parmi les plus durement affectés par la chute de la demande internationale.
Au premier trimestre toujours, la demande intérieure (entreprises, foyers, organismes publics) a quant à elle été inférieure de 2,5% comparée à celle des 3 mois précédents (-9,8% en rythme annuel).
Les entrepreneurs ont gelé une partie de leurs projets, en attendant que les carnets de commandes se remplissent de nouveau et que les banques soient plus enclines à leur accorder des fonds.
Les investissements non-résidentiels des sociétés privées, qui correspondent grosso modo à leurs dépenses en capital, ont ainsi dégringolé de 10,4% en janvier-mars par rapport à ceux des 3 mois précédents, soit un plongeon de 35,5% sur une base annualisée.
Quant aux ménages japonais, inquiets pour leurs revenus et emploi, ils ont freiné leurs débours, les concentrant sur les achats prioritaires tout en cherchant les meilleurs rapports qualité/prix.
La consommation des foyers s'est de facto repliée de 1,1% sur un trimestre (-4,3% en termes annualisés).
Tous les spécialistes attendent les effets des plans de relance économique décidés par les gouvernements.
Au Japon, l'État a mis sur les rails plusieurs trains de mesures coûteux pour les finances publiques, afin de pousser les citoyens à consommer, en subventionnant notamment les automobiles et appareils électroménagers écologiques.
Pour l'ensemble de 2009, le Fonds monétaire international (FMI) prédit toutefois au Japon une décroissance annuelle de 6,2%.
AFP/VNA/CVN