Le produit intérieur brut (PIB) africain devrait progresser de 2,8% l'an prochain, soit moitié moins qu'en 2008 (+5,7%), avant de connaître une "reprise modérée" en 2010 (+4,5%), estime l'Organisation de développement et de coopération économiques (OCDE) en Europe, jugeant ses prévisions "plutôt optimistes".
"L'intégration progressive du continent africain dans l'économie mondiale depuis 15 ans a accru (sa) vulnérabilité (...) aux brusques contractions des flux financiers", note le rapport, évoquant la réduction des investissements étrangers et l'assèchement des transferts d'argents des travailleurs expatriés frappés par la crise.
Les pays africains sont également durement touchés par l'effondrement du commerce mondial et la chute du cours des matières premières qui ampute leurs revenus, menaçant "la stabilité macro-économique récente si durement acquise", selon le rapport, qui pointe le retour "des pressions inflationnistes".
"Les pays exportateurs de pétrole (et de minerais) devraient davantage ressentir les effets de la crise mondiale que les économies plus diversifiées et les pays exportateurs de produits agricoles", prédit l'OCDE.
Quatre des 52 pays étudiés verraient leur PIB reculer l'an prochain : les Seychelles (-0,4%), la République démocratique du Congo (-0,6%), le Tchad (-0,7%) et surtout l'Angola, pays exportateur d'or noir, qui pourrait perdre en un an... 23 points de croissance (+15,8% en 2008, -7,2% prévu cette année).
Plus globalement, l'Afrique australe devrait être la grande perdante de la crise (+0,2% de croissance attendu cette année), comparé à l'Afrique de l'Est (+5,5%).
Première économie du continent, l'Afrique du Sud ne sera pas épargnée : son PIB devrait progresser de 1,1% cette année (contre 3,1% en 2008).
Dans ce contexte, l'OCDE s'inquiète des retombées politiques de la crise. "La dégradation de la conjoncture économique pourrait bien mettre à mal certaines avancées (...) en termes de démocratisation et de gouvernance", note l'OCDE, selon qui "la marche vers la démocratie a récemment marqué le pas" avec les récents renversements de régime en Guinée, Guinée-Bissau et à Madagascar.
L'organisation n'exclut pas en outre que les pays riches, plombés par leurs déficits, ne revoient à "la baisse" l'aide au développement, cruciale pour les pays les plus pauvres.
En privant la population d'emplois et de revenus, la crise pourrait au final susciter des mouvements de contestation et faire naître "des risques d'une plus grande instabilité" alors que le prix des denrées alimentaires reste élevé, juge José Gijon, chef du bureau Afrique-Moyen Orient à l'OCDE.
"Les retournements économiques en Afrique ont des effets très directs sur les populations, parce que les besoins y sont énormes", commente-t-il.
De solides motifs d'optimisme subsistent toutefois, selon l'OCDE.
AFP/VNA/CVN