>>Israël se dit prêt à prolonger le cessez-le-feu de Gaza
>>Les armes se taisent à Gaza, la parole est aux diplomates
Israéliens et Palestiniens mènent au Caire avec l'entremise des Égyptiens des pourparlers indirects, intenses et extrêmement ardus pour que le cessez-le-feu censé expirer vendredi 8 août à 8h00 se transforme en trêve durable et ne cède pas le pas à une nouvelle effusion de sang.
Alors qu'un dangereux compte à rebours était lancé, la branche armée du Hamas, l'organisation islamiste qui contrôle la bande de Gaza, a pressé depuis Gaza la délégation palestinienne au Caire de "ne pas accepter de cessez-le-feu si elle n'obtient pas satisfaction sur les demandes de notre peuple", et s'est dite prête "à se lancer de nouveau dans la bataille".
Un Palestinien entre dans une maison dévastée à Gaza, le 7 août |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le porte-parole des brigades Al-Qassam, Abou Obaida, présente la possibilité de construire un port sur la Méditerranée comme la première des exigences de son organisation. Il réclame aussi "la fin véritable de l'agression (israélienne) et une vraie levée du siège".
Les brigades et la délégation au Caire "livrent la même bataille et se complètent l'un l'autre", a dit l'un des membres de la délégation, Izzat el-Rishq, un des dirigeants en exil du Hamas.
Des responsables du Hamas ont auparavant, mais sous couvert de l'anonymat, laissé filtrer les menaces sans qu'il soit possible d'apprécier si elles reflétaient la réalité de la négociation ou si elles relevaient de la manoeuvre publique.
"Si Israël continue de temporiser, nous ne prolongerons pas le cessez-le-feu", a déclaré un membre de la délégation palestinienne au Caire, sous couvert de l'anonymat.
Les Israéliens, eux, observaient la plus grande discrétion.
Navettes entre Israël et Le Caire
Soucieux de dicter leurs termes aux négociations et de ne pas paraître céder aux revendications du Hamas, ils ont pris les devants dès mercredi 6 août et ont annoncé accepter une prolongation illimitée du cessez-le-feu, sous réserve qu'elle ne soit assortie d'aucune condition.
Dans un signe apparent que les discussions indirectes n'étaient pas rompues, leur délégation envoyée au Caire est revenue au pays jeudi 7 août, sans doute pour prendre ses instructions, mais est repartie dans l'après-midi pour la capitale égyptienne, a dit un responsable.
Les Égyptiens devaient rencontrer les Palestiniens tard dans la soirée, avant que les Palestiniens ne se retrouvent entre eux dans la nuit pour prendre une décision, selon des informations receuillies au Caire.
Israéliens et Palestiniens ont engagé les discussions avec des exigences apparemment inconciliables mais sous la pression du terrible bilan humain de la guerre.
L'opération "Bordure protectrice" déclenchée le 8 juillet par Israël pour faire cesser les tirs de roquettes contre son territoire et détruire le réseau de tunnels servant au Hamas à s'infiltrer en Israël a tué 1.886 Palestiniens, dont 430 enfants et adolescents, selon le ministère palestinien de la Santé. Selon l'Unicef, 73% des victimes sont des civils.
Les frappes sur trois écoles de l'ONU ont soulevé l'indignation internationale.
Côté israélien, 64 soldats et trois civils ont péri.
La guerre a aussi mis au tapis l'économie d'un territoire exigu de 41 kilomètres de long sur 12 km de large au maximum, sur lequel 1,8 million de personnes coincées entre Israël, l'Égypte et la Méditerranée tentent de survivre à un blocus imposé depuis 2006 par l'État hébreu.
"Résistance, résistance, résistance"
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une conférence de presse à Jerusalem, le 6 août |
Malgré la crainte d'une reprise des combats et l'épuisement, la vie des Gazaouis a renoué depuis mardi 5 août avec un semblant de normalité, avec ses embouteillages et ses magasins ouverts. Mais le spectacle d'hommes passant la nuit dans des abris de fortune sur les ruines de leur maison rappelait l'épreuve endurée.
Dans l'après-midi, des centaines de Palestiniens sont descendus dans la rue à l'appel du Hamas pour revendiquer la victoire militaire, a constaté un journaliste.
"Nous avons remporté la victoire sur le champ de bataille et, avec la permission de Dieu, nous allons remporter la victoire sur le terrain politique", a lancé le député Mushir al-Masri, l'un des orateurs haranguant les manifestants du haut d'une tribune devant un immense drapeau palestinien.
"Résistance, résistance, résistance", a scandé la foule en retour, des hommes pour la grande majorité, venus avec des enfants revêtus d'uniformes et brandissant des armes en plastique.
À la veille de cette journée cruciale, le président américain Barack Obama a mis son poids dans la balance en exhortant les négociateurs dépêchés au Caire à s'entendre.
Il a implicitement pressé Israël, dont les États-Unis sont le principal allié, d'accepter de lever le blocus imposé à la bande de Gaza et de répondre ainsi à une attente primordiale des Palestiniens.
AFP/VNA/CVN