>>Ukraine : l'armée appelle les civils à fuir les zones séparatistes
Alors que son secrétaire général Anders Fogh Rasmussen est attendu jeudi 7 août en Ukraine, l'Alliance atlantique a dit craindre que Moscou prenne "le prétexte d'une mission humanitaire ou de maintien de la paix pour envoyer des soldats dans l'Est de l'Ukraine".
"Il existe théoriquement une menace d'intervention. Nous analysons tous les scénarios possibles", a confirmé à Kiev le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko. La Russie réclame des mesures d'urgence face à la dégradation de la situation humanitaire alors que la situation ne cesse de se détériorer sur le terrain. Selon M. Lyssenko, l'armée a perdu 18 hommes en 24 heures dans des combats dans l'Est.
Un militaire ukrainien sur un char proche de la ville Slaviansk, à l'Est de l'Ukraine, le 5 août dans la région de Donetsk. |
À Donetsk, la nuit des 5 et 6 août a été marquée par une frappe aérienne non loin du centre-ville, la première depuis les bombardements en mai de l'armée ukrainienne pour chasser les rebelles de l'aéroport international de la ville.
L'armée ukrainienne a rejeté toute responsabilité pour cette frappe en affirmant ne pas avoir "bombardé Donetsk".
Moscou riposte aux sanctions
Une journaliste sur place a vu de profonds cratères dans le bitume sur les lieux, où selon les habitants se trouve une des bases rebelles. L'explosion a soufflé les vitres de trois immeubles de bureaux à proximité. "Ils nous ont survolés deux fois. Après les frappes aériennes, nous avons entendu ce qui aurait pu être un tir antiaérien", a raconté Vladik, un résident de 18 ans.
Cette frappe n'a "pas fait de victimes civiles", selon la mairie qui fait état de trois civils tués en 24 heures dans des tirs d'artillerie touchant d'autres districts de la ville.
En début de mercredi 6 août, des journalistes dans le centre-ville ont entendu le bruit de nouveaux survols d'avions à basse altitude. "Les troupes se regroupent et renforcent les barrages. Nous nous préparons à libérer les villes" tenues par les séparatistes comme Donetsk, Lougansk ou Gorlivka, a déclaré de son côté Oleksiï Dmytrachkivski, porte-parole de l'armée ukrainienne.
Les forces ukrainiennes resserrent leur étau sur Donetsk afin de couper la ville de la frontière russe par laquelle transitent, selon l'Ukraine et les Occidentaux, armes et combattants, ce qui explique les sanctions économiques sans précédent imposées à la Russie.
En riposte à ces mesures, Vladimir Poutine a ordonné des restrictions "pour un an" sur les importations de certains produits agroalimentaires en provenance des pays sanctionnant la Russie. Le gouvernement et l'agence en charge des produits agricoles ont dit qu'ils établiraient la liste des produits concernés dans les plus brefs délais.
20.000 soldats russes selon l'OTAN
La Russie avait fait monter la pression à la frontière lundi 4 août en y lançant des manœuvres militaires impliquant une centaine d'avions de combat. Elles ont été dénoncées comme des "provocations" par Kiev et Washington.
Selon l’OTAN, le nombre de militaires russes à la frontière ukrainienne est passé de 12.000 à la mi-juillet à 20.000 créant ainsi une "situation dangereuse", ce que Moscou a démenti.
Même son de cloche en Pologne. "Les informations que je reçois depuis une douzaine d'heures nous permettent d'estimer que la menace d'une intervention directe russe est certainement plus importante qu'il y a encore quelques jours", a déclaré le Premier ministre polonais Donald Tusk.
Au cours d'un Conseil de Sécurité de l'ONU mardi 5 août, la Russie a demandé en vain des mesures humanitaires d'urgence, l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine déplorant que Kiev "continue d'intensifier ses opérations militaires".
"Les succès de l'armée ukrainienne et l'accumulation de troupes russes qui en découle renforcent les chances d'une invasion russe", a estimé Cliff Kupchan, expert du centre d'analyse Eurasia Group.
AFP/VNA/CVN