Ukraine : les combats gagnent Donetsk, au moins deux civils tués

D'intenses combats entre forces ukrainiennes et séparatistes ont gagné mardi 5 août Donetsk, tuant au moins deux civils dans ce principal fief des insurgés dans l'Est de l'Ukraine en quasi état de siège.

>>Ukraine : l'armée appelle les civils à fuir les zones séparatistes
Les combats faisaient rage dans l'extrême ouest de la ville où les habitants entendaient de "fortes explosions" et "échanges de tirs", a indiqué la mairie qui a fait état de "deux morts civils, selon les premières informations". Des explosions retentissaient en périphérie Sud-Ouest de Donetsk, d'où s'élevaient des colonnes de fumée, a constaté une journaliste.

Des colonnes de fumée s'échappent de bâtiments à Mariïnka (environs de Donetsk) après d'intenses bombardements, le 5 août


Les combats s'intensifient depuis plusieurs jours autour de Donetsk, la plus grande ville du bassin houiller du Donbass - un million d'habitants avant les hostilités-, faisant craindre un assaut et le risque de combats particulièrement meurtriers.
À Kiev, un porte-parole militaire, Andriï Lyssenko, a confirmé que les forces ukrainiennes s'étaient "approchées" des quartiers périphériques de Donetsk.
Explosion dans un couloir humanitaire

Le président russe Vladimir Poutine a ordonné au gouvernement de préparer des ripostes, tandis que son Premier ministre Dmitri Medvedev a reconnu que les sanctions occidentales, contre des pans entiers de l'économie, pourraient pousser Moscou à augmenter les impôts.
L'état-major ukrainien a appelé les civils à fuir les zones séparées et a défini des "couloirs humanitaires" à cet effet dans Donetsk, où il demande aux insurgés de respecter un cessez-le-feu.
Mais comme l'ont montré l'explosion d'un obus quasiment au bord de la route et les échos assourdissants des combats dans une localité voisine, le "couloir humanitaire" défini par Kiev et emprunté mardi 5 août par des journalistes est plein de dangers.
Selon l'ONU, au moins 285.000 personnes ont fui l'Est de l'Ukraine, en majorité (168.000) en direction de la Russie, et le mouvement s'amplifie, atteignant 1.200 personnes par jour depuis deux semaines.
Le sort des civils suscite une inquiétude croissante, notamment à Lougansk, agglomération privée d'eau et d'électricité. À Gorlivka, où la population a déjà payé un lourd tribut, la mairie a fait état d'un civil tué.
L'ONG Human Rights Watch a reproché aux séparatistes, en occupant des hôpitaux et en s'emparant d'ambulances et de médicaments, d'empêcher les soins aux civils. Elle a aussi réclamé des enquêtes sur des tirs d'artillerie, apparemment des forces ukrainiennes, qui ont frappé au moins cinq hôpitaux depuis juin en zone séparée.

Un homme nettoie les gravats dans son café détruit par les combats entre forces ukrainiennes et prorusses, à Slaviansk dans l’Est de l’Ukraine, le 5 août
Photo : AFP/VNA/CVN


À la frontière, la pression s'est accrue avec le début de manœuvres militaires russes impliquant plus de 100 avions de combat, dénoncées par Kiev comme une "provocation". M. Lyssenko a évalué à 45.000 le nombre des soldats russes massés à la frontière ukrainienne.
Le fossé entre les Occidentaux et Moscou se creuse

Washington, qui juge que ces exercices "ne servent qu'à faire monter les tensions", a en outre affirmé avoir de nouvelles preuves que la Russie "fournit aux séparatistes des armes et du matériel et qu'elle les entraîne". De plus, "des forces russes supplémentaires continuent d'arriver le long de la frontière ukrainienne et la Russie poursuit le repositionnement de ses forces à travers la région", s'est encore inquiété le département d'État.
Le fossé entre les Occidentaux et Moscou s'est encore creusé depuis la destruction en vol par un missile en zone séparée le 17 juillet d'un avion de Malaysia Airlines avec 298 personnes à bord. Environ 110 experts néerlandais, australiens et malaisiens ont poursuivi leurs recherches de restes humains.
Le Japon et la Suisse ont annoncé de nouvelles sanctions contre des personnalités et entreprises, séparatistes ou russes, accusés de contribuer à déstabiliser la situation en Ukraine.

AFP/VNA/CVN

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