Les FARC et le gouvernement colombien promettent la paix d'ici six mois

Le gouvernement colombien et la guérilla des FARC ont franchi le 23 septembre une étape décisive vers la paix, qu'ils se sont engagés à signer d'ici six mois, en annonçant un accord sur le sort judiciaire des combattants, point crucial des pourparlers.

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"C'est un pas énorme", a déclaré le président colombien Juan Manuel Santos après sa poignée de main historique avec le numéro un de la rébellion Timoleon Jimenez, dit "Timochenko".

Un peu plus tôt, les deux hommes s'étaient entretenus pendant une demi-heure, une rencontre inédite en compagnie du président cubain Raul Castro, pour donner un élan final à la résolution du plus ancien conflit d'Amérique latine, qui a fait en un demi-siècle au moins 220.000 morts.

Gros plan sur la poignée de mains entre le président colombien Juan Manuel Santos (gauche) et le chef des FARC, Timoleon Jimenez, le 23 septembre à La Havane.

À l'issue de cette réunion, les délégués des pays médiateurs, Cuba et Norvège, ont lu un communiqué annonçant la conclusion d'un accord sur "une juridiction spéciale pour la paix" chargée de traduire les auteurs de crimes pendant le conflit.

Les parties ont aussi conclu que ces négociations de paix menées à Cuba devront aboutir "au plus tard dans six mois", soit le 23 mars 2016, a annoncé M. Santos. "Cela ne sera pas une tâche facile, a-t-il prévenu, parce qu'il reste beaucoup de points sur lesquels il est difficile se mettre d'accord".

Depuis le début des pourparlers de paix il y a près de trois ans, c'est en tout cas la question de la justice qui apparaissait comme la plus délicate.

Les FARC refusaient un accord impliquant de la prison pour ses guérilleros coupables de crimes ou de trafic de drogue, alors que le gouvernement se disait opposé à toute impunité.

Selon l'accord, la juridiction spéciale permettra à la Colombie de "mettre fin à l'impunité, d'obtenir la vérité, de contribuer à la réparation aux victimes et de juger" les responsables de crimes graves, avec le concours de la commission de la vérité créée en juin dernier.

Amnistie pour les crimes "politiques"

En vertu d’un système de jugement complexe, les auteurs de crimes qui coopèreront seront passibles de peines de cinq à huit ans sous des régimes spéciaux et ceux qui avoueront tardivement aux mêmes peines mais sous un régime carcéral classique.

Tous les autres s'exposeront à purger des peines pouvant atteindre 20 ans. Parmi les crimes visés figurent "les crimes contre l'humanité, le génocide et les crimes de guerre tels que la prise d'otages ou autre privation aggravée de liberté, la torture, le déplacement forcé, la disparition forcée, les exécutions extrajudiciaires et la violence sexuelle".

En revanche, une amnistie sera prévue pour les crimes "politiques ou connexes" dont la portée sera définie par une loi d'amnistie ultérieure.

Cette juridiction spéciale a été conçue "pour tous les acteurs du conflit (...) et pas seulement pour un seul camp", s'est félicité "Timochenko", voyant en cet accord "la possibilité de découvrir la vérité pleine et entière" sur le conflit armé.

"Nous sommes désormais plus près de parvenir à la paix à laquelle aspire le peuple frère colombien, qui le mérite", a salué de son côté le président Raul Castro.

Premier pas vers le désarmement

Autre point important de l'accord, l'obligation pour les FARC de démarrer leur désarmement dans les 60 jours après la signature d'un accord de paix final.

Avec la ratification d'un accord de paix définitif, les modalités de l'abandon des armes constituent justement le dernier volet à l'agenda des pourparlers.

Avant ce 23 septembre 2015, le président colombien ne s'était jamais rendu à la table des négociations de La Havane.

C'est aussi la première fois depuis 14 ans qu'un président colombien rencontrait le plus haut dirigeant des FARC, dont le vrai nom est Rodrigo Londoño Echeverri.

Peu après l'annonce de l'accord, le secrétaire d'État américain John Kerry a salué "des progrès historiques vers la conclusion d'un accord de paix final qui mettra fin à 50 ans de conflit armé".

Le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a lui aussi qualifié de "bonne nouvelle" l'annonce de l'accord, la rapprochant de l'"appel très fort" lancé dimanche 20 septembre à Cuba par le pape François. "Un échec de plus n'est pas permis", avait déclaré le pape argentin, en voyage sur l'île.


AFP/VNA/CVN

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