Boycott commercial pour libérer des bateaux piratés en Somalie

Les propriétaires d'embarcations traditionnelles aux Émirats arabes unis, cibles d'une vague d'attaques des pirates en mer, ont cessé pendant quelques jours de livrer des biens à la Somalie, usant de l'arme du boycottage économique pour obtenir la libération de leurs bateaux.

Ce boycottage, décrété fin mars, a provoqué en moins d'une semaine une hausse des prix en Somalie et contribué à la libération de 6 boutres, explique un commerçant, propriétaire de l'une de ces embarcations en bois.

Les 27 et 28 mars, des pirates somaliens ont capturé 8 boutres basés aux Émirats, dans une escalade sans précédent des attaques contre ce type de bateaux. "Jusqu'alors, il y avait des incidents isolés. Tous les 2 ou 3 mois, ils (les pirates) capturaient un bateau, qu'ils libéraient ensuite", explique Jagdip Ayachi, un ressortissant indien, interrogé dans une crique de Dubaï à bord du Narsang, l'un de ses 3 boutres. L'une de ses embarcations, le Sea Queen, a été capturée le 27 mars avant d'être rendue huit jours après.

À cause des détournements, "nous perdons beaucoup d'argent et de temps", déplore-t-il.

Une dizaine de boutres ont été capturés entre le 23 mars et le 16 avril, a indiqué un porte-parole des forces maritimes multinationales, basées à Bahreïn. "Nous pensons que le nombre d'attaques a augmenté ces dernières années", dit-il.

Abdi Hassan, chef de la société Mogadishu Shipping and Cargo, qui loue des boutres émiratis à des armateurs opérant en Somalie, s'inquiète de la nouvelle vague de piraterie, sans précédent selon lui. "C'est un très grand problème pour les affaires", regrette M. Hassan, dont l'une des embarcations a été récemment piratée.

MM. Ayachi et Hassan conviennent que l'amélioration des conditions climatiques en mer est favorable aux pirates, indiquant toutefois que les boutres ne sont pas leur cible préférée car ils acheminent vivres et autres biens de première nécessité en Somalie, un pays ravagé par la guerre.

Réunis le 29 mars à Dubaï, les propriétaires de boutres ont "décidé ensemble" de cesser toute livraison à la Somalie "pour faire pression sur les exportateurs et le gouvernement somalien", raconte M. Ayachi.

En conséquence, des exportateurs somaliens basés aux Émirats ont entamé des négociations pour obtenir la libération des embarcations capturées.

Six jours après le début du boycottage, les pirates ont libéré 6 boutres sans rançon, selon M. Ayachi, qui ajoutent que les armateurs ont ensuite repris les liaisons avec la Somalie. "Nous espérons que le problème avec les pirates est réglé", dit, sans conviction, M. Ayachi, conscient qu'il est du chaos qui règne en Somalie depuis 1991. "Il y a un si grand nombre de tribus en Somalie, (un pays) sans gouvernement, sans police", ajoute-t-il, estimant "très difficile" de dissuader les pirates.

Il n'hésite pas à brandir la menace d'une reprise du boycottage en cas de nouvelles attaques : "sans aucun doute, nous arrêterons d'envoyer des biens" en Somalie pour faire pression sur le gouvernement de Mogadiscio afin de "nous protéger et d'assurer la sécurité de nos bateaux". Mais "ce gouvernement n'a pas d'autorité", reconnaît M. Hassan à propos du cabinet de transition de Mogadiscio qui ne contrôle plus que des quartiers de la capitale et quelques régions du Centre du pays, depuis le lancement d'une insurrection islamiste en mai.

AFP/VNA/CVN

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