BlackBerry n'est plus à vendre, l'avenir s'assombrit

Coup de théâtre le 4 novembre pour le fabricant de smartphones BlackBerry : le groupe canadien, en grande difficulté, a renoncé à se vendre à son premier actionnaire, le financier Fairfax, qui renforce sa position dans l'entreprise dont l'avenir est toujours aussi incertain.

Derrière cette annonce, investisseurs et analystes ont vu le renoncement de Fairfax à acquérir l'entreprise pour 4,7 milliards de dollars dans le cadre de l'offre qui venait à échéance le 4 novembre.

Les marchés ont aussi vu ce revirement comme un risque supplémentaire de disparition pour BlackBerry. L'action a plongé de près de 20% en tombant à son plus bas historique de 6,40 dollars avant de clôturer à 6,49 dollars la séance sur le Nasdaq (- 16,47%).

Le Blackberr

"Cela pourrait bien être les derniers jours de BlackBerry", a estimé Anthony Michael Sabino, de l'université St John. Pour l'analyste indépendant Jeff Kagan, "BlackBerry procède à de grands changements mais ce ne sont pas ceux que le marché attendait".

Concrètement, BlackBerry compte rester indépendant en procédant à une augmentation de capital réservée d'un milliard de dollars sous forme d'un emprunt convertible en actions. Fairfax, qui détenait déjà 10% des actions de BlackBerry, a réuni un groupe d'investisseurs institutionnels, qu'il n'a pas nommés, pour souscrire à cette augmentation de capital, en prenant lui-même 250 millions de dollars à sa charge.

Les investisseurs recevront en remboursement de cet emprunt des actions au prix nominal de 10 dollars, ce qui représentait une plus-value potentielle de 28,7% sur le cours de clôture de l'action BlackBerry le 1er novembre sur le Nasdaq.

Le 4 novembre, les investisseurs qui ont mis l'argent sur la table subissaient une moins value de 34%.

Une vente à la découpe

Pour Michael Walkey, analyste de Cannaccord Genuity, "cette injection potentielle de 1,25 milliard de dollars en capital ne vise qu'à donner du temps à la nouvelle équipe de direction pour trouver d'autres acheteurs potentiels", ce que la précédente équipe a bien tenté mais en vain depuis un an. "La société va vraisemblablement finir par être vendue en pièces détachées plutôt qu'en entier à un seul acheteur".

Cette injection de capitaux ressemble à "un cataplasme sur une jambe de bois". Cela ne fait que retarder l'inéluctable, soit le démembrement de BlackBerry et la vente à la pièce de ses activités, note de son côté Anthony Michael Sabino, de l'Université St John. En clair, Prem Watsa, le Pdg de Fairfax, prudent, a préféré "ne pas mettre toutes ses billes" dans BlackBerry.

BlackBerry est au bord du gouffre en raison de ses échecs commerciaux. Le fabricant de smartphones a subi une perte de près d'un milliard de dollars sur le deuxième trimestre et annoncé le licenciement de 4.500 personnes, soit 40% de sa force de travail.

Pour sortir de cette mauvaise passe, BlackBerry avait prévu de se vendre et son premier actionnaire Fairfax s'était donné jusqu'au 4 novembre pour trouver des financements lui permettant de payer à tous les actionnaires 9 dollars par action.

Ce revirement dans la stratégie pour le sauvetage du groupe est accompagné par un changement au niveau de l'équipe dirigeante avec le remplacement du directeur général Thorsten Heins par John Chen nommé pour assurer l'interim en attendant "la recherche d'un nouveau président et directeur général", a indiqué BlackBerry. Le patron de Fairfax, Prem Watsa, a été nommé patron du comité de surveillance.

AFP/VNA/CVN

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