Avant la réunion de lundi, la Grèce met la pression sur Angela Merkel

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a mis la pression sur Angela Merkel en estimant qu'"un choix décisif" attendait la chancelière allemande le 22 juin lors du sommet européen où la Grèce doit faire de nouvelles propositions pour décrocher un accord et éviter le défaut de paiement.

>>La Grèce et ses créanciers au bord de la rupture

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, le 18 juin à Luxembourg.

Les responsables européens assurent que la balle est dans le camp d'Athènes avant ce rendez-vous crucial à Bruxelles, mais M. Varoufakis appelle la dirigeante allemande, en première ligne dans les négociations, à prendre ses responsabilités.

Mme Merkel peut "entrer dans un accord honorable avec un gouvernement qui a refusé le +programme de sauvetage+ et aspire à une solution négociée. Ou bien céder aux sirènes de son gouvernement, qui l'encouragent à jeter par-dessus bord le seul gouvernement grec qui est fidèle à ses principes et qui peut mener le peuple grec sur le chemin de la réforme", écrit-il dans une tribune à paraître le 21 juin dans le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).

Le gouvernement d'Alexis Tsipras estime avoir déjà fait de nombreuses concessions et présenté un catalogue cohérent de réduction des dépenses, hausse des recettes et réformes structurelles, mais un proche du Premier ministre n'a pas exclu le 20 juin de nouveaux ajustements, après une semaine où les épargnants grecs ont accéléré leurs retraits bancaires.

"Nous allons tenter de compléter notre proposition pour nous rapprocher d'une solution", a déclaré sur la chaîne Mega le ministre d'État, Alekos Flambouraris. "Quelques concessions" sont encore possibles si deux conditions "indispensables" sont acceptées par les créanciers : "un assouplissement budgétaire" et une restructuration de la dette.

Parmi les ajustements évoqués : accélérer la suppression des pré-retraites en appliquant cette décision dès 2016 et non pas progressivement.

Mais rien d'autre n'a filtré des intentions d'Alexis Tsipras qui, sitôt rentré de Russie, a réuni dans l'après-midi l'équipe grecque de négociation, dont Yanis Varoufakis et le ministre adjoint des Affaires étrangères Euclide Tsakalotos.

Un conseil des ministres est convoqué le 21 juin au matin. Aucun rendez-vous téléphonique entre Alexis Tsipras et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, n'a été annoncé, même si la Commission avait jugé le 19 juin probable un entretien durant le week-end.

Manifestations contre l'austérité

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a sommé le 19 juin la Grèce de vite s'entendre avec ses créanciers UE et FMI, faute de quoi elle ira "droit vers le défaut de paiement". La Maison-Blanche a également appelé à trouver d'urgence un compromis.

Dans une interview télévisée, le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew a souligné le 20 juin qu'on ne peut pas "connaître exactement la réaction des marchés et leur état d'esprit si la Grèce échoue, si la Grèce quitte l'Eurogroupe". "Je pense que personne ne devrait avoir envie de le savoir", a-t-il dit.

Même tonalité chez le ministre français des Finances, Michel Sapin, qui dans une interview à l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche qualifie de "zone inconnue" les conséquences d'un défaut de la Grèce et de sa sortie de la zone euro. "Les risques sont d'une ampleur inconnue. Donc il faut éviter ce scénario", insiste M. Sapin.

Le président français François Hollande s'entretiendra le 21 juin de la crise grecque avec le chef du gouvernement italien Matteo Renzi en marge de l'inauguration du pavillon de la France à l'Exposition universelle de Milan, selon la présidence française.

Sans accord sur une série d'économies budgétaires, la Grèce à court d'argent ne touchera pas une tranche de prêts vitale de 7,2 milliards d'euros et risque de ne pouvoir honorer un remboursement de quelque 1,5 milliard d'euros au FMI le 30 juin, avec des conséquences difficilement appréciables, pouvant aller de la sortie de la zone euro à la modification des équilibres géopolitiques régionaux.

Même le président du Parlement européen Martin Schulz, l'un des plus constants à dire son refus d'un "Grexit", a évoqué cette possibilité dans la FAZ à paraître le 21 juin.

L'échéance du 30 juin semble inquiéter les épargnants, qui ont fortement accéléré leurs retraits bancaires cette semaine, mais sans agitation visible, contraignant la BCE à relever le 19 juin son plafond de financement d'urgence des banques grecques (ELA) pour la deuxième fois en une semaine.

Plusieurs responsables européens ont prévenu que la réunion des chefs d'État ou de gouvernement serait vaine sans de nouvelles propositions grecques allant dans le sens des créanciers, après l'échec d'une énième rencontre des ministres des Finances de la zone euro jeudi soir. Ce rendez-vous sera juste "consultatif" s’il n’y a pas de "base pour un accord", lié à de nouvelles concessions grecques, a prévenu la chancelière Merkel.

Selon la FAZ, qui ne cite aucune source, la dernière proposition d'accord faite par la Commission européenne le 18 juin à Athènes est assez éloignée des propositions grecques, les créanciers demandant 1,8 milliard d'économies dans le système de retraites, soit sensiblement plus que l'offre grecque.

En Allemagne, en Italie et en France, la cause du gouvernement grec a rassemblé quelques milliers de personnes le 20 juin lors de manifestations qui étaient également organisées en soutien avec les migrants en Europe. Un rassemblement contre l'austérité est prévu le 21 juin à Athènes.

AFP/VNA/CVN

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