Selon le vice-président de l'Association de l'artisanat et de la transformation du bois de Hô Chi Minh-Ville (HAWA), Trân Quôc Manh, bien que le secteur du bois connaisse une croissance élevée depuis plusieurs années consécutives, les profits ne sont que de 8-9%. De même pour le secteur du textile qui, s'il a bénéficié d'une croissance de ses exportations de 30% en 2010, ne réalisait qu'un profit de 6-8%.
La raison principale, c'est que "nous devons importer la plupart des matières premières, de l'ordre de 70% à 80% des besoins", indique Trân Quôc Manh. Dans le secteur électronique par exemple, le taux de valeur ajoutée occupe seulement 17-20% de la valeur de production.
Outre quelques produits tels que pétrole brut ou charbon, la plupart des produits vietnamiens sont de faible valeur ajoutée. D'après l'Institut central d'études et de gestion économique (CIEM), 70% des trois produits aquatiques les plus exportés du Vietnam sont transformés de façon préliminaire (congelés). Avec 2,8 kg de matières premières, on obtient un kilo de produit marchand. Un kilo de filet de poisson coûte 2,8 dollars dont 2,25 dollars de matière première et 28 cents le coût de production et le profit des entreprises. Un très faible bénéfice !
Les produits industriels transformés contribuent notablement aux exportations. Ces dernières années, le prix des matières premières a rapidement augmenté alors que celui des produits n'a que faiblement progressé. Le coût des produits vietnamiens est faible par rapport à ceux d'autres pays, d'où un moindre chiffre d'affaires.
Renforcer la compétitivité
Selon le bilan des exportations du Vietnam 2009-2010 du Département de promotion du commerce et le Centre d'étude de politiques et du développement (Depocen), "les produits exportés par le Vietnam sont de qualité moyenne et de faible compétitivité". D'après les rapports des services du commerce du Vietnam à l'étranger, des produits vietnamiens ont une qualité moyenne et leurs gammes ne sont pas diversifiées. En faite, le pays n'a un avantage concurrentiel que dans les secteurs ne demandant pas de hautes technologies et nécessitant une importante main-d'oeuvre faiblement qualifiée.
Avec une seule croissance en 2009 de 2% du volume de ses exportations, la Malaisie a déjà atteint une croissance de 14% de sa valeur à l'exportation. Les données de la Thaïlande sont pour la même année de 8% et 18%. Si la Malaisie obtient une croissance du volume des exportations de 9%, sa valeur à l'exportation augmentera de 63%.
Mais avec une croissance du volume de 9%, le Vietnam n'obtient qu'une augmentation de la valeur à l'exportation de 26%. Bien que le pays soit parmi les premiers exportateurs mondiaux de produits agricoles tels que poivre, noix de cajou, riz, café et caoutchouc, ainsi que de textile-habillement, les entreprises domestiques dépendent d'intermédiaires.
Trân Du Lich, chef adjoint du groupe des délégués de Hô Chi Minh-Ville, recommande que la compétitivité de l'économie nationale figure dans le groupe de 30% des économies ayant la compétitivité la plus faible dans le monde. Les produits de hautes technologies exportés par le Vietnam ne représentent que seulement 8,2% des exportations nationales, contre 18% pour l'Indonésie, 33% pour les Philippines, 39% pour la Chine, 49% pour la Thaïlande et 67% pour la Malaisie.
Selon Trân Du Lich, l'économie nationale accorde une priorité aux exportations, mais lors de ces 20 dernières années, la balance du commerce est demeurée déficitaire. La compétitivité de l'économie en général, et des secteurs de produits exportés en particulier, s'avère faible. Le pays doit donc diminuer ses exportations de bruts et augmenter celles de produits finis ou de technologies ayant plus forte valeur ajoutée.
* Les marchés importateurs des produits vietnamiens en quatre premiers mois de 2011
Marché - Taux
Océanie - 2,5%
Afrique - 1,2%
Amérique - 21,1%
Europe - 19,5%
Asie - 50,5%
Autres - 5,2%
(Source : Département général des douanes)
Hà Minh/CVN