Au fur et à mesure que les bastions de Mouammar Kadhafi tombent aux mains des opposants, dirigés par le Conseil national de transition (CNT), les écarts qui se creusent entre les nouveaux dirigeants et le peuple libyen pourraient s'élargir davantage.
L'Union européenne (UE), groupement de pays proche et riche, a reconnu le CNT et lui a fourni de l'aide plusieurs mois avant que Kadhafi ne soit écarté du pouvoir. Mais certains observateurs s'interrogent encore sur la crédibilité du CNT.
"Le sort de la Libye est plein d'incertitudes. La fiabilité du CNT est source de doutes dans les pays européens", a dit Rym Ayadi, directeur du Groupe d'étude sur les perspectives méditerranéennes, basé en Belgique.
Selon l'analyste, l'organe politique de l'opposition libyenne n'a pas été à même de prouver complètement sa capacité à agir sans l'aide internationale au cours du conflit. La victoire des opposants à Tripoli n'a été possible, dans une large mesure, que grâce à l'ONU, laquelle avait adopté une résolution imposant une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, et grâce à l'OTAN, qui a mobilisé à cet effet ses forces aériennes, ainsi qu'à la Ligue arabe, qui a condamné le "régime brutal" de Kadhafi.
D'aucuns attirent l'attention sur le fait que le CNT n'a pour l'heure pas défini de programme politique national et qu'il a échoué à se rendre légitime politiquement auprès des Libyens.
Le CNT à l'épreuve de l'unité
"Il existe de nombreuses factions politiques différentes au sein du CNT. On y trouve les monarchistes, les nationalistes, les nasséristes, les islamistes et les jihadistes. Le défi majeur auquel est confrontée la Libye est de faire converger et d'unir toutes les courants politiques sous la bannière du CNT", a indiqué Kader Abderrahim, chercheur à l'IRIS en France.
Le CNT livre une bataille pour sa reconnaissance non seulement à l'intérieur de la Libye, mais aussi au-delà de ses frontières, notamment parmi les pays arabes.
Après tout, Kadhafi était l'un des plus grands donateurs de l'Union africaine (UA). Quand un embargo commercial a été imposé contre la Libye par les pays occidentaux, Kadhafi a choisi d'investir massivement sur le continent africain, en lui procurant du pétrole à bon prix et en y mettant en œuvre des projets d'infrastructure, si bien que la Libye est devenue l'acteur le plus influent d'Afrique du Nord.
La tâche immense de la reconstruction de la Libye offre des opportunités à des pays et des hommes d'affaires à travers le monde. Mais on peut se demander quels pays pourront tirer profit du nouveau régime libyen.
XINHUA/VNA/CVN