Ancien quartier de Hanoi : la participation de la population est bienvenue

«Chaque fois je retourne au Vietnam, je constate que certaines maisons du vieux quartier de Hanoi ont été détruites et remplacées par d'autres d'architecture moderne. Si les Hanoiens n'ont pas conscience de la nécessité de préserver les maisons anciennes, on devra reconstituer des maisons anciennes en banlieue", fait remarquer Cesare Bieller, ancien chef du bureau chargé de la politique et de la culture de l'ambassade d'Italie à Hanoi. Une remarque qui nous fait beaucoup réfléchir.

La famille de Nguyên Thi Hanh vit actuellement avec celles de ses frères et sœurs dans une maison située au 116, rue Hàng Gai, qui leur a été léguée par leurs parents en 1950. Après une soixantaine d'années, elle peut témoigner de nombreux changements survenus dans l'ancien quartier, surtout depuis ces dix dernières années environ. Plusieurs anciennes maisons ont été détruites pour être remplacées par des restaurants ou des hôtels aux nombreux étages.

Par ailleurs, en raison d'une forte croissance démographique dans ce quartier, bon nombre de foyers modifient eux-mêmes leur maison sans respecter les normes architecturales et c'est ainsi que les anciennes maisons se perdent peu à peu. En outre, plusieurs louent leur maison à des commerces, aggravant ainsi la situation.

Dans la rue Hàng Gai, plusieurs familles vivent dans un seul bâtiment : 12 au numéro 94, une dizaine au 77... Plusieurs habitants originaires de l'ancien quartier, après avoir vécu une longue période dans un espace restreint avec des infrastructures laissant à désirer, ont vendu leur maison à des entrepreneurs qui construisent des hôtels. Si la situation continue ainsi, les hôtels remplaceront les anciennes maisons, s'inquiète la dame Hanh.

D'après M. Bieller, les touristes étrangers ne viennent pas au Vietnam pour admirer des buildings car ils en ont suffisamment dans leurs pays... Au contraire, ils sont intéressés, lorsqu' ils vont à Hanoi, par une visite de l'ancien quartier pour découvrir ses ruelles, ses petites maisons anciennes et, bien sûr, déguster la gastronomie traditionnelle locale dans les petits restaurants. En d'autres termes, être là où ils perçoivent le plus nettement la spécificité de l'espace urbain de l'ancien quartier. "S'il n'y a pas d'ancien quartier, les touristes étrangers ne restent à Hanoi qu'une journée", souligne-t-il, car c'est celui-ci qui distingue Hanoi des autres villes du pays.

Pour Mme Hông, propriétaire d'une maison de 170 m² au 28, rue Hàng Quat, il est clair que la préservation de l'ancien quartier passe aussi par l'amélioration de la qualité de vie des gens qui y habitent.

Préservation tout en améliorant la qualité de vie

Selon l'ancien directeur du Service municipal de l'aménagement architectural de Hanoi, Dào Ngoc Nghiêm, nombre de spécialistes de 15 pays différents souhaitent participer à la restauration de l'ancien quartier de Hanoi. Le problème que constitue la protection de ce quartier se pose depuis 20 ans déjà et son traitement n'a guère évolué... Le plus urgent à l'heure actuelle, c'est de réduire la densité démographique, 86.000 personnes au kilomètre carré, qui est six fois supérieure au maximum autorisé de 15.000 personnes/km². Vient ensuite l'accélération de la restauration des maisons traditionnelles puisque celles-ci ne sont à ce jour qu'au nombre de quatre sur les plus de 200 existantes. Et ce d'autant plus que ces maisons, plus précisément celles des 38, rue Hàng Dào, 51, rue Hàng Bac, 87, rue Ma Mây et 28, rue Hàng Buôm, se sont révélées des sites touristiques particulièrement attrayants pour les étrangers.

L'ancien quartier possède des valeurs homogènes que ce soit sur le plan social, urbain ou économique, insiste M. Nghiêm. Donc, toute préservation doit suivre les principes spécifiques à la restauration des monuments. Il faut conserver l'architecture originale et améliorer la qualité de vie de ses habitants en réduisant la densité démographique, en augmentant le nombre d'arbres et de plantes, en modernisant les infrastructures urbaines du traitement des ordures à l'adduction d'eau potable, en passant par les réseaux de tout à l'égout...

Selon l'architecte français Romain Orfeuvre, qui travaille au Comité de gestion de l'ancien quartier, la France a soutenu le Vietnam dans l'étude et la remise en état des maisons des 87, rue Ma Mây et 51, rue Hàng Bac. Ces dernières sont des exemples de restauration pour les autres. "En dehors de la restauration proprement dite, nous avons aussi donné des conseils à leurs occupants - tel que les travaux à réaliser pour leurs WC - afin qu'ils puissent bénéficier d'un espace de vie convenable. Car ces personnes sont également typiques de cet ancien quartier, ne serait-ce que par leur mode de vie propre à ces lieux - de sorte qu'il faut s'intéresser d'autant plus à leur environnement de vie", conclut l'architecte français.

Diêu An/CVN

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