* Docteur Vu Dinh Anh, vice-directeur de l'Institut d'étude scientifique du marché et des prix (ministère des Finances)
Le gouvernement a pris des mesures et des politiques pour stabiliser les prix. À mon avis, l'inflation et les fluctuations des prix ont une relation de cause à effet. Une fois que les programmes de stabilisation des prix s'achèveront vers fin du premier trimestre 2011, il y aura deux scénarios possibles : soit les prix se calment soit c'est le retour d'une inflation comme en 2008.
Sur la base des expériences dans la lutte contre l'inflation, nous avons deux leçons : renforcer le resserrement les politiques monétaires, utiliser des outils économiques pour maîtriser l'inflation, et pas seulement des programmes de stabilisation des prix.
Une forte hausse de l'indice des prix à la consommation (IPC) à l'occasion du Têt (Nouvel An lunaire), et l'augmentation des prix des matériaux de construction, des produits importés sont les facteurs essentiels conduisant à considérer qu'une baisse de la croissance de l'IPC pendant les deux premiers mois de 2011 est peu envisageable. Des mesures synergiques ont cependant été prévues pour les ministères, services et localités, telles que maîtrise des hausses des prix, augmentation de l'approvisionnement en biens de consommation..., afin que l'IPC ne progresse en janvier et février 2011 que d'environ 1,5%.
* Nguyên Tiên Thoa, directeur du Département de gestion des prix (ministère des Finances)
Les faiblesses structurelles de l'économie nationale et un modèle de croissance basé sur les investissements sont responsables de la forte inflation malgré des mesures de stabilisation des prix. Au Vietnam, la croissance se base pour 52-53% sur les investissements, qui fluctuent.
Pour stabiliser les prix, les mesures financières seront davantage appliquées d'ici à la fin du premier trimestre, et l'accent sera mis sur l'utilisation flexible des caisses de stabilisation des prix, des impôts.... La gestion des dépenses publiques sera resserrée. L'inspection sera renforcée pour lutter contre fraudes commerciales, contrebande, spéculation abusive...
Il demeure encore des facteurs de pression sur l'IPC, tels que faible compétitivité, emploi moins efficient des capitaux, stratégies de développement économique non concordantes entre secteurs... Ces facteurs sont d'ailleurs une des explications de la forte augmentation de l'inflation lors de ces dernières années.
* Docteur Vo Tri Thành, vice-directeur de l'Institut central d'étude et de gestion économiques
En 2011, les prix de l'électricité, de l'eau et du charbon continueront d'augmenter. Les salaires connaîtront également une hausse. La forte inflation restera donc d'actualité.
À mon avis, il faudra concentrer les efforts dès le premier trimestre. À présent, certaines organisations internationales prévoient une inflation de 7-8% au Vietnam pour 2011, accompagnée d'une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 7,5%. En cas de croissance plus grande, l'inflation sera majorée.
Dans l'objectif de stabiliser la macroéconomie, il faut maintenir une croissance des crédits de 22-23%, chiffre similaire à 2010. Les politiques monétaires seront resserrées et le management sera plus dynamique.
Il faut que le ralentissement de l'inflation soit une mission prioritaire. La hausse de l'inflation va conduire à la baisse des fonds injectés dans la production, mais écoulés vers les activités d'investissement à court terme. Bien sûr, on ne peut pas cibler une inflation de 3-4% comme dans les pays développés. Par ailleurs, une forte réduction de l'inflation de 11,75% à 3-4% serait néfaste. D'après moi, l'objectif de 6% d'inflation en 2011 est raisonnable. Pour y parvenir, outre la volonté, il faudra une bonne coordination entre les politiques monétaires et le management du réseau bancaire.
Freiner l'inflation signifie que la croissance sera en baisse et que les entreprises vont rencontrer des difficultés. En revanche, grâce à un environnement macroéconomique stable, les entreprises pourront profiter de cette occasion pour se restructurer en vue d'investissements sur le long terme.
* Docteur Trân Hoàng Ngân, membre du Conseil national des politiques financières et monétaires
La forte inflation de 2010 s'explique par plusieurs raisons, la plupart étant nationales. Il s'agit de la valeur des importations excédentaires (12 milliards de dollars) et du déficit budgétaire (6% du PIB).
Parmi le taux d'inflation de 11,75% du Vietnam en 2010, 4,65% sont imputables à la gestion monétaire. La vraie cause de l'inflation réside sur le rapport monnaie-marchandise. Depuis 2007, la croissance de la totalité des moyens de règlement a été plus importante que la croissance du PIB. En outre, l'afflux de devises vers le Vietnam oblige la Banque d'État à acheter ces devises pour gérer le taux de change dollar-dông. D'où un volume important de monnaie injecté dans l'économie. Sur la période 2006-2010, l'investissement total de la société a réalisé une croissance de 13,3%, tandis que la croissance du PIB n'a été que de 7,1%.
En 2011, le gouvernement devra toujours faire de son mieux pour stabiliser la macroéconomie, maîtriser l'inflation et assurer le bien-être social. Les efforts sont à concentrer dans deux volets : resserrement des dépenses budgétaires et réduction des importations. Dans l'immédiat, il faut baisser de moitié les obligations gouvernementales à émettre prochainement et arrêter l'octroi de fonds publics aux ouvrages qui ne sont pas de première nécessité. La gestion des biens publics sera resserrée pour éviter les gaspillages. En outre, l'actionnarisation des entreprises publiques sera accélérée. Autant de mesures efficaces pour une inflation de 7%.
Thê Linh/CVN