Organisé conjointement par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural et le Comité populaire provincial de Lâm Ðông, le colloque scientifique consacré au développement de la filière thé a réuni des centaines de participants : des scientifiques, chefs d'entreprises vietnamiennes et étrangères spécialisées dans la culture du théier, ainsi que des responsables du secteur du thé du pays et de Lâm Ðông, et notamment des planteurs représentant plus de 10.000 foyers cultivateurs de cette province.
Il s'agissait d'un des événements importants s'inscrivant dans le cadre du 3e Festival culturel du thé de Lâm Ðông, tenu du 25 au 27 décembre 2010 à Bao Lôc. "Ce colloque est l'occasion de partager des expériences dans la culture du théier entre localités, de transférer des technologies entre entreprises et planteurs, surtout ceux de la province de Lâm Ðông", a estimé Lê Quang Phùng, secrétaire du comité du Parti de la ville de Bao Lôc.
Selon les statistiques, le Vietnam est actuellement le 5e exportateur mondial de thé. En 2009, le pays en a exporté quelque 115.000 tonnes, soit une hausse d'environ 27% en volume et de plus de 21% en valeur par rapport à 2008. En 2010, les exportations vietnamiennes sont estimées à 130.000 tonnes. Ce secteur emploie plus de six millions de personnes dans 34 provinces et villes, en majorité dans les régions montagneuses du Nord.
Actuellement, le thé vietnamien est vendu dans 110 pays et territoires, dont les plus importants débouchés sont le Pakistan (22,48%), Taïwan (13,78%), la Russie (13,28%), l'Indonésie et les États-Unis. Et les plus grandes plantations de théiers se trouvent à Phú Tho, Yên Bái, Thái Nguyên, Tuyên Quang (Nord), et surtout à Lâm Ðông (hauts plateaux du Centre), localité qui représente 30% de la superficie totale. Les labels les plus prisés sont Shan Tuyêt de Hà Giang, Suôi Giàng de Yên Bái, Ô Long et B'Lao de Lâm Dông…
Cependant, selon des experts présents à ce colloque, en dépit de la forte croissance de cette filière ces dernières années, le thé vietnamien n'est essentiellement exporté que sous sa forme brut et vers des marchés peu exigeants en termes de qualité. Le prix de vente est inférieur à la moyenne mondiale à cause de la faible gestion des critères de qualité et d'hygiène.
D'après Nguyên Thi Ánh Hông, vice-présidente de l'Association vietnamienne du thé (VITAS), les freins au développement du secteur sont essentiellement le manque de matières premières, de variétés et de main-d'œuvre qualifiée, la négligence dans la gestion de la sécurité sanitaire, la petite envergure des plantations, etc. Ces éléments exercent une influence non négligeable sur le développement du secteur du thé du Vietnam en général et de Lâm Ðông en particulier. "Actuellement, nous rencontrons beaucoup de difficultés dans l'exportation, face à la quantité incontrôlable des pesticides, à la qualité instable du thé, à l'emprunt difficile de capitaux…", a fait savoir un représentant de l'entreprise privée Phuong Nam, implantée à Bao Lôc.
Actuellement, Lâm Ðông recense près de 28.000 ha de théiers, situés notamment dans la ville de Bao Lôc, les districts de Bao Lâm et de Di Linh. Sa production annuelle est d'environ 225.000 tonnes en moyenne, soit un tiers de la production nationale, avec des labels connus comme B'Lao, Kim Tuyên, Tu Quy, Ô Long…
La ville de Bao Lôc, où la culture et la transformation du thé sont menées depuis les années 1930, est réputée pour le thé B'Lao. Les théiers représentent la moitié de ses terres agricoles. Sa production annuelle s'élève à 72.500 tonnes, soit 20% de la production industrielle de cette localité.
Cependant, "le rendement moyen de Lâm Ðông est encore modeste et ses exportations sont en majorité du brut (60%)", a reconnu le directeur du Service provincial de l'agriculture et du développement rural de Lâm Ðông.
En vue d'un développement durable du secteur national du thé, Ðoàn Anh Tuân, président de la VITAS, a proposé de porter la norme GAP (Good Agriculture Pratices) du Vietnam au niveau mondial et de promulguer des politiques sur les normes sanitaires à respecter. "Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural devra renforcer ses contrôles dans les établissements de production de thé et rendre public le nom de ceux qui satisfont aux normes requises. Il est nécessaire pour les services d'encouragement agricole de multiplier les transferts de technologies en faveur des paysans. De plus, les plantations de théiers devront être aménagées, la qualité des variétés de thé rigoureusement contrôlée. Par ailleurs, il importe pour les entreprises d'appliquer des processus de production sécuritaires…", a-t-il avancé.
Le 3e Festival du thé de Lâm Ðông
Le 3e Festival du thé de Lâm Ðông s'est déroulé du 25 au 27 décembre 2010 à Bao Lôc, un bourg de cette province des hauts plateaux du Centre, déployant les multiples essences et saveurs d'une industrie clef du Vietnam.
Cet événement bisannuel a pour but d'honorer les producteurs de thé vietnamiens qui, avec passion et patience, dédient quotidiennement leur savoir-faire au plaisir d'amateurs de 110 pays et territoires.
Expositions des variétés de thé des différentes régions du pays, colloque sur les mesures propres au développement du thé vietnamien, concours de cueillette, concours de la plus belle voix du pays du thé et cortège fleuri étaient au menu.
Après la 2e édition couronnée de succès en décembre 2008, le 3e Festival du thé a invité tous les amateurs et néophytes à une immersion dans l'univers de cette plante si singulière, avec une soirée de dégustation pour savourer avec délices une infinité de thés aux parfums enchanteurs, un moment privilégié d'échanges propice à la convivialité.
Cet événement a d'ailleurs l'ambition de présenter les potentiels et atouts de la production du thé vietnamien en général et de celui de Bao Lôc en particulier, et de faire écho au mouvement "Le Vietnamien consomme vietnamien".
Nguyên Ðat/CVN