Vendu 199 dollars (contre au moins 499 dollars pour un iPad) à compter du 15 novembre, exclusivement aux États-Unis dans un premier temps, le Kindle Fire s'inscrit dans la gamme des liseuses Kindle qu'Amazon décline depuis quatre ans. Mais il dépasse largement le domaine de la lecture : on peut aussi s'en servir pour regarder des films, écouter de la musique, naviguer sur le web etc. "Ce sont des produits de luxe à des prix non luxueux", a souligné le Pdg et fondateur d'Amazon Jeff Bezos, précisant que son groupe était en train de fabriquer "des millions de ces appareils".
Amazon n'a pas fait mystère du fait que son Kindle Fire répondait à sa stratégie de distributeur numérique : "nous nous sommes demandés s'il y avait une façon de rassembler dans un seul produit tout ce que nous offrons, sous une forme que les clients adoreront", a expliqué M. Bezos.
Amazon vend très certainement cet appareil à perte, en dépit de quelques compromis sur la performance comme l'absence de caméra. Mais c'est pour le groupe une façon de pousser la vente des livres, films et musiques en ligne, pour les droits d'exploitation desquels le groupe a "budgété des centaines de millions de dollars", selon M. Bezos.
Cette stratégie a déjà marché au-delà de toute espérance avec les livres, Amazon vendant désormais plus de titres numériques que d'ouvrages sur papier grâce à sa liseuse Kindle.
Les possesseurs du Kindle Fire, connecté au wifi, pourront accéder aux millions de livres de la librairie numérique Kindle, aux 11.000 films et émissions de télévisions offerts par Amazon en flux continu et en téléchargement, aux 17 millions de chansons de sa boutique en ligne, à ses jeux, etc.
Un film pourra être consommé moins d'une minute après avoir été commandé : la diffusion en streaming débutera durant l'opération de téléchargement. La capacité de stockage de 8 gigaoctets devrait permettre de conserver une dizaine de films téléchargés - mais le système de stockage en ligne lancé par Amazon permet d'accéder à une vidéothèque ou discothèque virtuelle bien plus vaste.
Amazon a conçu pour cet appareil un nouveau navigateur baptisé Amazon Silk spécialement adapté à la navigation sur appareil nomade, en exploitant la puissance des serveurs d'Amazon pour anticiper le comportement des mobinautes. Le Kindle Fire a un écran plus petit que l'iPad, 7 pouces (17,8 cm) contre 9,7 (24,6 cm), mais il est aussi nettement plus léger (414 grammes contre 601 gram- mes). Sa batterie, d'une autonomie de 7 à 8 heures (contre 10 heures pour l'iPad), est moins puissante.
Ce nouvel appareil est désormais l'objet le plus luxueux d'une gamme lancée en 2007 dont le modèle d'entrée de gamme, une liseuse en noir et blanc lancée simultanément au Royaume-Uni et en Allemagne, voit son prix rabaissé à 79 dollars. Un nouveau modèle tactile coûte de 99 à 149 dollars. "Beaucoup de clients vont acheter tous ces appareils", vu leur complémentarité et leur prix modeste, a assuré Dave Limp, vice-président de l'activité Kindle.
Avec sa tablette, Amazon se lance sur un terrain où les concurrents d'Apple ont obtenu au mieux un timide succès, de Samsung à Motorola ou Research in Motion, alors que Hewlett-Packard a carrément décidé en août d'arrêter sa tablette TouchPad au bout de sept semaines. "Amazon va vendre des millions de tablettes", a prédit l'analyste Sarah Rotman Epps, de Forrester Research, surprise par le prix bas mais aussi la sortie tardive de l'appareil.
Pour elle, "la place d'Apple comme leader du marché est assurée (ndlr: 78% du marché en 2011 pour le cabinet eMarketer), mais Amazon sera un solide numéro deux, et nous n'attendons pas d'autre concurrent sérieux sur les tablettes avant le lancement de celles sous Windows 8", le prochain système d'exploitation que doit lancer Microsoft.
AFP/VNA/CVN