Quatre opérations successives pour séparer des siamoises soudanaises à Londres

Quatre opérations successives, dont la dernière le 15 août, ont été nécessaires pour séparer deux sœurs siamoises soudanaises âgées d'un an et reliées par la tête, ont expliqué le 19 septembre les membres de l'équipe chirurgicale de l'hôpital pour enfants de Great Ormond Street, à Londres.

Rital et Ritag Gaboura, nées le 22 septembre 2010 à Khartoum, ont subi le 15 août cette délicate et rare opération de séparation, a expliqué au cours d'une conférence de presse l'équipe du chirurgien David Dunaway.

Les sœurs étaient totalement solidaires au niveau de la tête, leurs vaisseaux sanguins reliés, de sorte que le cœur de l'une d'elles fournissait la moitié de l'alimentation sanguine du cerveau de l'autre.

Au moment de son arrivée le 13 avril à Londres, le cœur de la petite Ritag, qui fournissait cet effort démesuré, était prêt à lâcher, représentant une menace vitale pour les deux petites filles, et pouvant entraîner en cas de défaillance même temporaire des atteintes au cerveau.

L'association britannique Facing the World, spécialisée dans l'aide aux enfants souffrant de déformations faciales, a pris en charge le voyage des fillettes et de leurs parents ainsi que les frais médicaux.

Trois premières interventions ont eu lieu en mai et en juillet pour préparer l'étape finale.

Le chirurgien David Dunaway a souligné qu' "il s'agissait d'une opération très rare et très complexe, qui exige la participation de spécialistes de plusieurs disciplines".

Les deux premières opérations visaient à séparer le système vasculaire commun des petites filles. La troisième avait pour but d'insérer des tissus permettant ensuite d'"étirer" la peau destinée à couvrir leur crâne au moment de la séparation finale, qui s'est déroulée le 15 août.

Les cas de siamois sont très rares (environ 140.000 par an dont seulement 5% reliés par la tête). 40% d'entre eux meurent à la naissance, et un tiers dans les premières 24 heures. Seulement un cas sur 10 millions survit aux premières années. "Je m'étais préparé à vivre avec des siamoises toute ma vie. Nous avons tellement de chance d'avoir maintenant des enfants séparés", a confié le père à la BBC.

La maman des jumelles a fait remarquer que les fillettes, qui ne pouvaient pas se voir lorsqu'elles étaient reliées par le crâne, "avaient mis du temps à comprendre qu'elles étaient sœurs".

L'hôpital a déjà réalisé plusieurs opérations de séparation de siamois avec succès. Plusieurs dizaines de séparations de siamois reliés par la tête ont eu lieu depuis les premières tentatives des années 50, mais les opérations en une seule étape se traduisent généralement soit par la mort d'un ou des deux jumeaux, soit par des dégâts irréversibles au cerveau.

Les opérations en plusieurs étapes, qui ont de meilleures chances de réussite sans atteinte neurologique pour les enfants, demeurent extrêmement rares.

AFP/VNA/CVN

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