>>Grève à Air France : négociations dans l'impasse
>>Air France : à J+8, le conflit se radicalise
Rythme de travail plus élevé, salaires plus bas en fin de carrière et avantages sociaux moindres... Les pilotes d'Air France redoutent que les conditions de travail de la filiale à bas coût ne deviennent à terme la norme dans la maison mère.
"Aucun pilote d’Air France n’acceptera de partir chez Transavia si on lui impose la conclusion d’un nouveau contrat de travail Transavia". Voilà le message répété par le SNPL, syndicat majoritaire dans la profession, pour justifier la poursuite du mouvement.
Les avions d'Air France cloués au sol, le 24 septembre sur le tarmac de l'aéroport Charles de Gaulle à Roissy. |
Sa revendication : obtenir un "contrat unique" pour les pilotes, applicable à toutes les déclinaisons du groupe aérien Air France-KLM (Transavia, Hop!), calqué sur celui en vigueur actuellement chez Air France.
De l'autre côté de la table des négociations, la direction n'entend pas sacrifier ses ambitions dans le transport aérien à bas coût, où se nichent des "opportunités de croissance" selon le Pdg d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac. Le groupe aérien franco-néerlandais, numéro deux européen derrière l'Allemand Lufthansa, ambitionne de devenir un acteur incontournable du secteur.
Son plan stratégique "Perform 2020", qui prendra en janvier le relais du plan de restructuration "Transform 2015", vise à tenter de combler le retard pris face aux poids-lourds Ryanair et easyJet.
Marathon de négociations
Le conflit mené par les pilotes, d'une durée historique, continue de perturber le trafic aérien. La compagnie prévoyait d'assurer près de la moitié des vols (48%) au niveau national vendredi 26 septembre, un chiffre identique à la veille.
Le Pdg d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac |
Comme depuis le 15 septembre, au premier jour de la mobilisation, les grévistes resteront majoritaires, à 58% selon les chiffres communiqués par l'entreprise (contre 62% jeudi 25 septembre).
Le marathon des négociations a débuté mercredi 24 septembre, après que la direction a convoqué les syndicats représentatifs (SNPL et Spaf) pour leur annoncer le "retrait immédiat" de Transavia Europe.
Une première victoire pour les grévistes, mais pas la fin du combat pour le Syndicat national des pilotes de ligne, héraut de la contestation, qui réclame des éclaircissements sur Transavia France.
L'abandon du projet européen constitue "une condition nécessaire mais pas suffisante" pour la levée du préavis de grève, selon Guillaume Schmid, son porte-parole.
La poursuite du mouvement, si elle ne semble pas souffrir de contestation chez les pilotes, a suscité une levée de boucliers parmi les autres catégories de personnel.
Hôtesses, stewards et personnel au sol ont le sentiment d'avoir payé un plus lourd tribut que les pilotes lors du plan de restructuration "Transform 2015", qui s'est traduit par la suppression d'environ 10% des effectifs.
Bruno Nègre, de la CFE-CGC, prédit d'ailleurs un "après-grève (...) horrible à gérer", tant la famille Air France s'est déchirée, selon lui, dans le conflit.
AFP/VNA/CVN