"En dépit de pression négative sur le crédit, le pays conserve des forces significatives, notamment la taille et la santé de son économie ainsi qu'un fardeau de la dette soutenable en dépit d'une érosion continue et graduelle de sa solidité économique et budgétaire", souligne l'agence de notation financière dans un communiqué qui devrait soulager le gouvernement français.
Jeudi 18 septembre, le journal L'Opinion avait pourtant prédit une issue bien plus sombre en assurant que Moody's avait informé l'exécutif d'une baisse imminente de la note du pays, censée influer sur le coût de ses emprunts sur les marchés.
Le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, le ministre des Finances, Michel Sapin, et le présid |
Le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, le ministre des Finances, Michel Sapin, et le président François Hollande, le 15 septembre 2014 au palais de l'Élysée à Paris. |
Le ministre des Finances Michel Sapin avait aussitôt apporté son démenti formel, fustigeant une "information erronée" et "éthiquement répréhensible".
Déjouant les pronostics des analystes, Moody's lui a finalement donné raison et apporté un peu de baume au coeur du gouvernement, aux prises avec un chômage persistant et une croissance atone et engagé dans un "pacte de responsabilité" contesté. "L'affirmation de la note est (...) soutenue par l'engagement renouvelé du gouvernement à accélérer le rythme des réformes structurelles et à introduire une approche plus consistante de sa politique économique ainsi que de mettre en oeuvre un programme d'économies budgétaires", a souligné Moody's.
Le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a réagi en estimant que ce maintien de la note "engageait" le gouvernement. "Il renforce la nécessité de poursuivre et d’approfondir les réformes de structure pour lever les blocages qui handicapent aujourd’hui la France", a-t-il détaillé dans un communiqué.
"Cette décision reflète la cohérence de notre stratégie économique : mise en œuvre du Pacte de responsabilité et de solidarité et de réformes pour retrouver une économie plus compétitive", a renchéri M. Sapin, dans un communiqué distinct.
Pas de blanc-seing
Moody's est toutefois loin d'accorder un blanc-seing au gouvernement Valls, qui s'est également engagé dans un plan d'économies de 50 milliards d'euros. L'agence pointe ainsi "les risques" qui pèsent sur la mise en oeuvre des réformes en raison, selon elle, de la force "des intérêts particuliers" et des "mauvais antécédents" du pays en matière de respect de ses engagements économiques.
Moody's a donc décidé de maintenir une perspective "négative" sur la note française, indiquant ainsi qu'elle n'excluait pas de l'abaisser dans les prochains mois.
"Moody's pourrait abaisser la note de la France si sa confiance dans les capacités du gouvernement de mener les mesures nécessaires de consolidation budgétaire et les réformes économiques structurelles venait à s'affaiblir dans les 12 prochains mois", détaille l'agence.
Moody's a souligné que la note de crédit de la France restait solide en dépit de pressions budgétaires et fiscales significativ |
Moody's a souligné que la note de crédit de la France restait solide en dépit de pressions budgétaires et fiscales significatives. |
Une telle décision pourrait également être prise si les réformes étaient "retardées" ou si leur ampleur était revue à la baisse, a mis en garde Moody's.
Vendredi 19 septembre, un des dirigeants de la Réserve fédérale américaine (Fed), Richard Fisher, a prédit de sombres jours pour l'Hexagone, estimant que la France était aux "abois" et "extrêmement faible" en raison notamment de l'impopularité record du président Hollande.
Malgré ces Cassandre, la France reste gratifiée vendredi 19 septembre d'un taux d'emprunt à dix ans très bas. Il avait même reculé à 1,39% contre 1,44% la veille, témoignant de la confiance des investisseurs dans la solvabilité du pays.
Le président français s'en est lui-même félicité en faisant valoir que l'État n'avait jamais emprunté à des taux aussi bas" en dépit de plusieurs décisions défavorables des agences de notation.
Depuis janvier 2012, les baisses de notation ont surtout vu se mettre en place un jeu de miroir politique. Après la perte du triple A de Standard and Poor's en 2012, la gauche avait qualifié Nicolas Sarkozy de "président de la dégradation". Mais lorsque Moody's avait suivi en novembre 2012, après l'élection de M. Hollande à l'Élysée, l'exécutif socialiste avait cette fois appelé au calme.
AFP/VNA/CVN