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L'Organisation pour la coopération et le développement économiques a baissé de 0,4 point par rapport à sa dernière estimation de mai sa prévision de croissance du Produit intérieur brut de la zone euro en 2014, à 0,8%, et de 0,6 point sa prévision pour 2015, à 1,1%.
Cette croissance anémique est "l'aspect le plus préoccupant" constaté par l'OCDE, regroupement des 34 pays les plus prospères du monde, dans son panorama d'automne de l'économie internationale.
La Banque centrale européenne à Francfort en Allemagne. |
En France l'OCDE s'est alignée sur les prévisions révisées du gouvernement, et prévoit 0,4% cette année puis 1,0% l'an prochain. En mai, elle espérait encore 0,9% puis 1,5%.
L'Allemagne pas épargnée
L'Allemagne, moteur économique de la zone, n'est pas épargnée et subi une correction de prévisions de même ampleur: sa croissance est attendue à 1,5% cette année, et surtout aucune accélération ne serait en vue pour 2015.
La révision la plus nette en zone euro est pour l'Italie : l'OCDE annonce une récession (-0,4%) pour cette année et seulement 0,1% de croissance l'an prochain.
"Les récentes mesures prises par la Banque centrale européenne sont bienvenues mais un assouplissement quantitatif est nécessaire" pour ranimer une inflation trop basse et surtout empêcher l'installation d'une déflation, selon l'Organisation.
Un "assouplissement quantitatif" signifie que la BCE, qui vient de baisser ses taux et d'annoncer de gros rachats de dette privée, irait encore plus loin et rachèterait aussi de la dette publique, faisant fi des résistances allemandes. C'est ce que fait en particulier la Réserve fédérale américaine.
"Il faut en finir avec cette perception, qui est que la politique monétaire en zone euro, c'est toujours +trop tard et trop peu+", a jugé Rintaro Tamaki, chef économiste de l'OCDE et originaire du Japon, économie confrontée depuis deux décennies à la déflation.
Par ailleurs, l'OCDE estime qu'"au vu de la faiblesse de la demande, les pays européens doivent utiliser au maximum la flexibilité des règles budgétaires", en d'autres termes laisser filer les déficits.
L'OCDE n'est pas la seule à considérer que la zone euro est pour l'heure le principal point noir de l'économie mondiale.
L'agence de notation Standard and Poor's s'est inquiétée récemment du risque d'une "récession à triple ressort" (triple dip), c'est-à-dire d'un retour dans le rouge de l'économie européenne, après déjà deux périodes de récession en moins d'une décennie.
"Il y a un degré croissant de divergence (...). La reprise aux Etats-Unis est solide, la croissance est sur les rails au Japon et en Chine, tandis qu'elle se renforce en Inde après un récent accès de faiblesse. Par contraste, la croissance en zone euro semble condamnée à rester faible à court terme, et le Brésil ne devrait sortir que lentement de la récession", juge l'OCDE.
Des marchés dangereusement euphoriques
Pour les États-Unis, l'organisation a également corrigé ses prévisions à la baisse, mais la croissance prévue reste forte : 2,1% en 2014 (contre 2,6% espéré en mai), puis 3,1% en 2015 (contre 3,5%).
Le Royaume-Uni continue à faire bande à part en Europe, avec une croissance prévue à 3,1% cette année puis 2,8% en 2015.
La Chine devrait croître de 7,4% cette année et 7,3% l'an prochain, l'Inde de 5,7% cette année et 5,9% en 2015.
Parmi les émergents, le Brésil fait mauvaise figure: l'OCDE n'attend que 0,3% de croissance cette année (-1,5 point par rapport aux prévisions de mai) puis 1,4% en 2015 (-0,8 point par rapport à mai).
L'organisation a souligné les risques pesant sur cette reprise mondiale inégale, tels que les dangers géopolitiques liés à "l'intensification des conflits en Ukraine et au Proche-Orient ainsi que l'incertitude grandissante au sujet des résultats du référendum sur l'indépendance en Écosse", de même que la vulnérabilité de certaines économies émergentes face à la perspective d'un durcissement monétaire aux États-Unis.
Par ailleurs, comme le Fonds monétaire international, l'OCDE s'inquiète de l'euphorie actuelle sur les marchés financiers, qui lui semble "déconnectée" de l'économie réelle et qui expose au risque d'une "correction brutale".
AFP/VNA/CVN