Me Roux avait commencé son intervention jeudi 7 août, entrant immédiatement dans des détails de l'enquête et tentant de démontrer des erreurs factuelles de l'accusation.
Oscar Pistorius (gauche) et son père (centre) dans la salle d'audience, le 8 août |
Il cherche à accréditer la thèse soutenue depuis le début par le champion paralympique sud-africain: Pistorius affirme avoir entendu du bruit dans ses toilettes et, dans la panique, avoir tiré quatre balles sur la porte -derrière laquelle se trouvait sa petite amie Reeva Steenkamp, un mannequin de 29 ans- en croyant qu'il s'agissait d'un cambrioleur.
Le procureur Gerrie Nel a soutenu au contraire que le couple s'était disputé dans cette nuit du 13 au 14 février 2013 et que Pistorius avait tué son amie dans un accès de colère.
Vendredi 8 août, Barry Roux a entrepris de discuter point par point les éléments de l'enquête utilisés par le procureur Gerrie Nel à l'appui de sa version. Il était question de position d'un ventilateur, d'une multiprise et d'une couette, et des éventuelles maladresses des policiers qui auraient déplacé des objets sur les lieux du crime avant que ne soient prises les photos.
Effet domino des mensonges
Gerrie Nel, jeudi 7 août, a réclamé une condamnation pour meurtre contre Pistorius, qui risque jusqu'à vingt-cinq ans de prison si la préméditation est retenue contre lui. Il "ne peut pas échapper à une condamnation pour meurtre", a insisté M. Nel, qui estime même que Pistorius est coupable d'assassinat, puisqu'il a eu le temps de préparer son geste.
"L'accusé a pris son pistolet, l'a armé, a marché vers la salle de bain, a tiré et tué la victime. (...) Il a eu beaucoup de temps pour réfléchir", a déclaré le procureur au terme de presque cinq heures d'un réquisitoire sans pitié.
"Je ne sais pas quand il a pris son arme, mais il a pris sa décision. Ca, Madame, c'est de la planification", a-t-il insisté, s'adressant à la juge Thokozile Masipa.
Quand bien même la juge croirait à la thèse du cambrioleur caché dans les toilettes, Pistorius devrait, selon M. Nel, être condamné pour meurtre, car il a tiré sur un être humain sans être directement menacé.
Le procureur a même envisagé le cas -très peu probable selon lui-, dans lequel la cour accepterait l'une des versions de Pistorius, le tir incontrôlé et involontaire sous l'effet de la panique. Même dans ce cas, souligne-t-il, "l'accusé ne peut pas échapper à une condamnation pour homicide involontaire", qui devrait l'envoyer en prison.
Rendu hypersensible par le handicap
Le procureur Gerrie Nel devant le tribunal de Pretoria, le 7 août |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Toute la journée de jeudi 7 août, Gerrie Nel s'est efforcé de démontrer que la version de l'accusé était pleine de contradictions et avait en fin de compte été "fabriquée" pour cacher la vérité.
Reprenant l'ensemble des témoignages, y compris celui du champion, le procureur a dessiné à l'audience ce qu'il a appelé "une mosaïque de faits" concordants, tentant de démontrer que chaque mensonge de Pistorius avait "un effet domino" et l'avait obligé à reconstruire sa version au fur et à mesure pour rester cohérent.
Une expertise a retenu que le sportif de 27 ans était responsable de ses actes et n'était pas hyperanxieux. Mais Me Roux estime que l'athlète, amputé des deux jambes en dessous du genou, est rendu hypersensible par son handicap.
La juge Thokozile Masipa devrait dire à la fin de l'audience, vendredi, quand elle compte rendre son verdict, mettant fin à un long feuilleton télévisé qui passionne -et divise-les Sud-Africains depuis le 3 mars.