Le ministère des Finances a proposé la création du Fonds de stabilisation du prix des carburants. À votre avis, est-ce une bonne décision ?
En effet, la création du Fonds de stabilisation du prix des carburants fait partie des principes de gestion des cours qui sont actuellement appliqués. Si les cours mondiaux continuent de baisser dans les mois à venir, les ministères des Finances, de l'Industrie et du Commerce devront décider la naissance de ce Fonds.
La réglementation actuelle autorise l'intervention du Fonds de ce genre lorsque les cours mondiaux sont en baisse. Le baril à 60-62 dollars, est-ce un prix faible ou non ?
Selon les prévisions de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), pour le dernier semestre de l'année, le prix moyen du brut de 65 dollars est prévu. En tant que l'un des pays exportateurs de brut, le Vietnam attend beaucoup de revenus de ce secteur. Un baril entre 65 et 70 dollars est moyen mais acceptable. Dans le passé, ce dernier est monté jusqu'à 147 dollars, et dans l'autre sens, a baissé jusqu'à 33-35 dollars. Des inquiets vont se manifester si le cours monte dans les temps à venir à 100 dollars le baril.
Les entreprises et la population veulent tous une baisse du prix des carburants, d'autant qu'elle entraînera une diminution des coûts de production. Qu'en pensez-vous ?
Depuis quelques semaines, les Vietnamiens sont impatients de voir baisser le prix des carburants. Personnellement, je souhaite que cette baisse opère tout de suite. Mais selon les instructions du gouvernement, le cours actuel doit être maintenu pour rembourser le budget d'État de ses avances. Cette année, sous l'effet du ralentissement économique, les recettes fiscales ont considérablement diminué. Il faut ainsi accorder des privilèges pour aider les entreprises importatrices de pétrole à rembourser les sommes que l'État leur avait avancées, à raison de 1.000 dôngs le litre d'essence, dans le but de leur éviter des pertes. Le budget d'État joue le rôle décisif dans le développement socioéconomique national. Par ailleurs, les ressources mondiales en énergie fossile diminuent de plus en plus, de sorte que le cours du brut aurait tendance à augmenter.
Les taxes de carburants constituent actuellement un lourd fardeau pour les consommateurs, représentant 37% du prix de vente, voire plus de 50% dans le passé. Est-ce un niveau très élevé ?
Pour cette marchandise importante, tous les pays appliquent des taxes élevées. Sans oublier des impôts d'importation et de consommation spéciale. C'est un moyen pour encourager les économies de carburants. En comparaison d'autres pays, le niveau de taxes au Vietnam est normal. Certains pays appliquent une taxe de consommation spéciale de 100%... Le prix d'essence est de moins d'un dollar le litre au Vietnam, alors qu'il est de 1,5 dollar aux États-Unis et de 1,7 dollar en Europe.
Mais le revenu moyen per capita des pays précités est beaucoup plus important, voire de plusieurs dizaines de fois de plus ?
Il nous faut l'accepter. Le Vietnam est en voie d'intégration dans l'économie mondiale et, bien qu'il soit toujours un pays à revenu faible, il doit subir les mêmes prix que les autres pays. La population est appelée aux côtés du gouvernement afin de surmonter les difficultés.
Quelle est votre estimation sur le manque de compétitivité du marché pétrole national dont la compagnie d'import-export Petrolimex représente 60% de parts ?
Petrolimex est sur le point d'achever son plan d'actionnarisation. Selon une directive du Premier ministre Nguyên Tân Dung, à partir du 1er juillet 2010, toutes les entreprises devront se transformer en compagnies par actions ou en sociétés unipersonnelles à responsabilité limitée. Dans un futur proche, le monopole de Petrolimex prendra fin.
À votre avis, quel est le motif pour que les entreprises décident de baisser le prix des carburants ?
Dans ce secteur, baisse ou hausse des prix relèvera d'une décision souveraine des entreprises dès lorsque le mécanisme de marché sera institué pour celui-ci. Mais à l'heure actuelle, le gouvernement doit intervenir en matière de prix. Si les cours mondiaux et régionaux continuent de diminuer, le prix dans le pays devra suivre cette tendance. En se fondant sur une situation concrète, le gouvernement utilisera des outils financiers dont l'allègement fiscal afin d'inciter les entreprises à baisser leur tarif de vente.
Ngân Huong/CVN