À Mossoul, des centaines d'Irakiens fuient combats et privations

Des centaines de civils ont trouvé refuge mardi 28 février dans le désert au sud de Mossoul après avoir fui les combats opposant les forces irakiennes aux jihadistes ainsi que les pénuries dans la deuxième ville d'Irak.

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Des habitants de Mossoul fuient les combats entre les forces irakiennes et les jihadistes de l'EI, le 24 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous sommes partis à 05h00 ce matin. Nous avons couru au début car nous avions peur des tirs" du groupe État islamique (EI), a raconté Baidaa, une jeune femme de 18 ans portant sa fille dans ses bras.

Après des heures de marche, elle est arrivée dans les zones contrôlées par l'armée irakienne. Elle relate l'enfer vécu dans les quartiers ouest de Mossoul contrôlés par l'EI. Les jihadistes "nous ont pris au piège et ils ne voulaient pas que nous partions".

Ses deux enfants "ne comprenaient pas ce qu'il se passait" et "avaient tellement peur des tirs", raconte Baidaa.

Les forces irakiennes appuyées par la coalition internationale antijihadistes conduite par les États-Unis mènent depuis le 19 février une offensive pour reprendre Mossoul-Ouest.

Cette bataille fait partie de l'opération de reconquête du dernier grand fief de l'EI en Irak lancée le 17 octobre et qui s'est déjà traduite par la reprise le 24 janvier des quartiers orientaux de cette ville coupée en deux par le fleuve Tigre.

Un mois plus tard, les forces irakiennes sont entrées pour la première fois dans Mossoul-Ouest, où les violents combats soulèvent de vives craintes pour le sort des quelque 750.000 civils encore présents.

"Depuis ce matin, nous avons décompté environ 300 Irakiens - des femmes, des hommes et des enfants - ayant fui les zones de combat dans Mossoul", a indiqué le général Salman Hachem, des forces d'élite du contre-terrorisme (CTS).

"Mais davantage arrivent. Nous les arrêtons à un check-point. Nous fouillons les hommes et vérifions leur identité dans une base de données" afin de contrôler qu'ils ne sont pas des membres de l'EI, a-t-il précisé.

Selon lui, 23 hommes ont été mis de côté pour une vérification plus poussée après que leur nom est apparu dans la base de données.

"Très inquiets"

Pendant ce temps, les militaires irakiens distribuent de l'eau et de la nourriture aux femmes et aux enfants assis sur des bâches posées sur le sol.

Un membre des forces irakiennes se prépare à lancer des roquettes sur les positions jihadistes lors de l'offensive pour reprendre Mossoul, le 27 février
Photo : AFP/VNA/CVN

Au moins 16.000 personnes auraient été déplacées de la deuxième ville d'Irak depuis que le début de l'offensive pour Mossoul-Ouest, selon le ministère des Déplacés et des Migrations.

Celles qui y restent font face à des conditions de vie terribles, selon les organisations internationales et les témoignages de ceux qui ont réussi à passer dans les zones progouvernementales.

"Nous sommes très inquiets pour les quelque 750.000 personnes encore prises au piège dans le secteur ouest très peuplé. Leurs conditions de vie se dégradent de jour en jour", a déclaré Hala Jaber de l'Organisation internationale des migrations.

Les déplacés "arrivent chez nous après avoir vécu des jours entiers sans nourriture", remarque également le général Hachem des CTS.

Fawzia Mohammed, une jeune mère de 16 ans qui vient de fuir Mossoul-Ouest, raconte que "les derniers jours ont été terribles". "Nous étions coincés à l'intérieur à cause des combats et nous n'avions pas de nourriture".

Elle et Baidaa témoignent aussi de la cruauté de l'EI. "Les femmes devaient de couvrir complètement et ne pouvaient pas marcher dans la rue sans un chaperon. Les règles étaient très dures", se souvient Baidaa.

"Les femmes étaient forcées de rester à la maison", renchérit Fawzia, "mais le pire c'étaient les exécutions, les coups de fouets et les mutilations infligées aux gens".

Un homme tout juste arrivé avec son épouse et sa mère a demandé des médicaments à l'armée irakienne mais aucun n'était disponibles. "Ma mères est âgée, elle a du diabète et on n'a pas de traitement pour elle", a-t-il indiqué.

AFP/VNA/CVN

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