Brun intense, rouge foncé ou noir profond, les céramiques de Bâu Truc régalent les yeux de couleurs caractéristiques. |
Auparavant, ce village du district de Ninh Phuoc, province de Binh Dinh (Centre) était nommé Paley HamuTrok par l'ethnie Cham. Sous la dynastie du roi Minh Mang, il était connu administrativement sous le nom de Vinh Thuân. Après une grande inondation en 1964, le village a été déplacé de deux kilomètres, sur un terrain plus élevé, à proximité d’un grand lac entouré par des haies phyllostachys (une sorte de bambou), d’où son nom Bâu Truc.
La rivière Quao donne aux cham une sorte d’argile particulière pour produire des céramiques. Elle leur donne leur caractère tout particulier. Brun intense, rouge foncé ou noir profond, les céramiques régalent les yeux de couleurs caractéristiques, obtenues grâce à l’ancestrale connaissance des plantes des Cham.
Un autre trait particulier des céramiques des Cham : le modelage est confié seulement aux femmes. La seule tâche revenant alors aux hommes est le prélèvement de l’argile à la rivière, et la cuisson. En effet, la légende des Cham raconte que le couple de génies PoKlong Chanh avait transmis ce métier aux femmes il y a plusieurs milliers d’années.
Le modelage des ceramique est confié seulement aux femmes |
Selon la méthode traditionnelle, pour fabriquer les céramiques, les artisans extraient du sable fin de la rivière et le mélangent avec de l’argile pour créer une matière première unique. Cette dernière est travaillée puis malaxée afin d’obtenir une pâte homogène et malléable. Elle est ensuite modelée et sculptée à la main pour créer ces objets surprenants qui font le prestige de l’art Cham.
Les poteries sont ensuite séchées à l’air libre pendant au moins deux semaines, elles sont alors de couleur blanche grisée. Elles prennent ensuite une teinte terre ou noire lors de la cuisson dans un four au feu de bois, qui demande par ailleurs une attention particulière.
Toutes les étapes de production se font à la main. Depuis le séchage et le trempage des matériaux, le pétrissage de l’argile avec le sable, jusqu’à la mise en forme et la décoration, avant la cuisson. On admire là le vrai talent des artisans de Bâu Truc, des magiciens qui savent insuffler dans leurs modèles l’esprit Cham. On trouve des pots, des vases, et des statues, unies, avec des motifs ou des orifices de décoration.
Actuellement, Bâu Truc compte environ 400 familles, 80% d’entre elles vivent de cet artisanat. Un savoir-faire à préserver.
Huong Linh/CVN