À 78 ans, Wim Wenders, prix Lumière 2023, toujours tourné vers le prochain film

Wim Wenders a reçu vendredi 20 octobre le prix Lumière pour l'ensemble de son œuvre. Mais pour le cinéaste allemand, qui, à 78 ans, se sent parfois comme un "dinosaure", le film suivant reste "ce qui compte le plus".

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Le réalisateur allemand Wim Wenders reçoit le prix Lumière pour l'ensemble de son oeuvre, le 20 octobre 2023 à Lyon. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Le réalisateur des Ailes du Désir, Palme d’Or pour Paris, Texas, a reçu vendredi soir 20 octobre le prix Lumière 2023, décerné à l'issue du Festival lyonnais qui récompense chaque année un réalisateur ou un acteur phare.

"C’est quand même absolument inimaginable que les inventeurs du cinéma" se soient appelés Lumière, a déclaré Wim Wenders, très ému, en recevant son prix. "C'est quand même l’essence même du cinéma la lumière", a-t-il poursuivi en français.

"À l’écran, on essaye de jeter de la lumière sur le monde, sur des histoires, sur des personnes. Ce que j'ai fait dans mon cinéma, c’est d'éclaircir cette question : comment nous vivons, comment on peut vivre mieux", a expliqué le cinéaste.

Lors du festival, Wim Wenders a présenté ses deux nouveaux films, Perfect Days, récit de la vie d'un simple employé des toilettes publiques de Tokyo, passionné par la photographie, la musique et les livres, et Anselm - Le bruit du temps, portrait de l’artiste plasticien contemporain Anselm Kieffer.

Dans l'après-midi vendredi 20 octobre, il est revenu avec malice sur sa longue carrière, riche d'une quarantaine de films, lors d'une master class suivie par plusieurs dizaines de personnes.

"Quelquefois, on se sent un peu comme un dinosaure", leur a-t-il confié. "J'ai tourné avec la première caméra capable de prendre aussi du son, j'ai vu l'arrivée du numérique, de la 3D.…"

Né en 1945 à Düsseldorf, Wim Wenders a découvert le septième art à la Cinémathèque française via les films présentés par Henri Langlois, un des fondateurs de l’institution. Alors c’est "adieu la peinture", à laquelle il se destinait d'abord, et "vive le cinéma !"

"Un jour, je suis passé devant Les Deux Magots (célèbre café parisien, ndlr), je n'avais pas d'argent. Alors j'ai piqué un journal qui annonçait la création d'une école de cinéma à Munich", a-t-il expliqué en riant.

Il est accepté, vend son saxophone pour s'acheter une caméra d'occasion, qu'il perd lors d'un court séjour en prison après avoir filmé les manifestations de mai 68. Il quitte ensuite l'Allemagne à 33 ans pour gagner les États-Unis, "la terre promise".

Avec Paris, Texas, palme d'Or à Cannes en 1984, "j'ai fait le film pour lequel j'étais parti et ça m'a permis de revenir en sachant qui j'étais". À savoir… "dans mon cœur et dans mon âme, un romantique allemand".

"Briques de temps"

Cet épisode s'inscrit dans une longue quête d'identité, raconte celui qui a d’abord commencé par faire des films en imitant les autres : John Cassavetes, ou le maître du polar Alfred Hitchcock, mais "sans le suspense"...

Le réalisateur allemand Wim Wenders applaudi par l'assistance lors du Festival du film Lumière, le 20 octobre 2023 à Lyon. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Aujourd'hui, Wenders, aux films poétiques, introspectifs, aux personnages errants, reste fidèle à ses maîtres : le japonais Ozu - dont des restaurations inédites ont été projetées au Festival Lumière, les Américains John Ford et Anthony Mann, grâce auquel il a compris comment construire le cinéma, avec "de petites briques de temps".

Au fil des années, il a consacré de nombreux films documentaire à d'autres artistes : le photographe Sebastiao Salgado, la danseuse Pina Bauch, ou encore les musiciens de Buena Vista Social Club.

"On est toujours limité avec sa propre vision du monde. C'est une grande aventure d'entrer" dans l'esprit de quelqu'un, de se demander "comment font les autres".

"Trouver sa voie dans ce monde avec tant de voix, c'est plus compliqué", a reconnu Wim Wenders. Mais dans un "monde fracturé", "c'est toujours possible si on fait un film sur quelque chose de vrai", sur "l'expérience". "Les opinions ne vont jamais faire un bon film", a-t-il estimé.

"Aujourd'hui, il y a une crise existentielle du cinéma. Pendant la pandémie, les gens ont regardé le cinéma chez eux", a-t-il constaté. Mais pour celui qui est déjà tourné vers son prochain film, "le cinéma va survivre". Il faut simplement le "réinventer".

AFP/VNA/CVN

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