Wenders porte le deuil de Pina Bausch et ouvre une nouvelle voie à la 3D

Avec Pina, émouvant hommage en danse et en relief à la grande chorégraphe allemande Pina Bausch, Wim Wenders emmène la technologie 3D du côté du documentaire et du cinéma d'auteur, loin des grosses productions hollywoodiennes.

Chaleureusement accueilli au festival de Berlin lors de sa projection de presse dimanche, ce film a été fait "pour Pina", après la disparition brutale de la papesse allemande de la danse contemporaine à l'été 2009, a expliqué le réalisateur des Ailes du désir et de Buena Vista Social Club.

Ce qui devait être un documentaire accompagnant Pina Bausch et sa compagnie du Tanztheater Wuppertal en répétition et en tournée s'est transformé en "un travail de deuil", selon les mots de Wim Wenders. La seule chose qui n'a pas changé par rapport au projet initial, c'est l'usage de la 3D, "faite pour la danse", a martelé le réalisateur allemand qui dit avoir eu un coup de foudre pour cette technologie en voyant un concert en relief du groupe de rock U2. Et cela malgré la lourdeur technique, qui impose de filmer "avec deux caméras et une grue comme un dinosaure", raconte Wenders. Utilisé de manière discrète dans Pina, le tournage en relief donne à sentir le souffle d'un rideau ou encore l'éclaboussure d'une flaque d'eau où saute une danseuse.

La 3D souligne aussi l'étrange beauté de solos ou duos interprétés par les danseurs en plein air, dans une usine désaffectée ou dans un square de la cité industrielle de l'Ouest où Pina Bausch avait élu domicile, et qui sont autant d'hommages funèbres dansés.

La technologie se fait en revanche oublier lors de passages plus intimes, comme les images d'archives de Pina Bausch, ou les longs plans fixes des visages de ses protégés, montrés pendant qu'en voix off ils évoquent sa mémoire.

Le pari de détourner la 3D des films d'action hollywoodiens pour lui faire emprunter les chemins du cinéma d'auteur semble donc réussi pour Wim Wenders, qui avait clamé dans la presse que la quasi-majorité des films tournés en relief étaient "merdiques."
Pina
n'est pas un cas isolé, puisque dimanche la Berlinale accueillait la projection d'un autre documentaire filmé en 3D, d'un autre grand nom du cinéma allemand. Werner Herzog, avec La Grotte des rêves oubliés (Cave of Forgotten Dreams), se consacre aux peintures rupestres de la grotte Chauvet, en Ardèche (Sud de la France), vieilles de 30.000 ans.

"L'idée de Wim Wenders faisant de la 3D est étrange, tant ce genre est associé au cinéma pop corn", (un genre pour ado) note Scott Roxborough, du magazine spécialisé Hollywood Reporter. Et d'estimer que l'arrivée de cinéastes étiquetés "art et essai" pourrait être un remède "à cette lassitude qui semble pointer, notamment aux États-Unis", face à l'avalanche de films en 3D qui a suivi le phénoménal succès de James Cameron avec Avatar.
"Le problème est que les studios, attirés par l'argent facile, ont sorti beaucoup de films convertis en 3D, qui n'avaient pas été conçus au départ pour cette technologie", analyse
Christian Gisy, patron de la chaîne de cinéma Cinemax.

Les progrès technologiques de la 3D et surtout la multiplication des salles adaptées a créé un appel d'air pour les films indépendants, juge Erwin Schmidt, l'un des producteurs de Pina : "Quand nous avons eu l'idée du film, en décembre 2008, il y a avait 25 écrans 3D en Allemagne", contre 850 prévus d'ici fin 2011.

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