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Un écran montrant de cellules de cerveau humain dans la startup suisse FinalSpark à Vevey, en Suisse, le 3 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Au lieu de copier le cerveau, utilisons le vrai", résume Fred Jordan, cofondateur de la start-up FinalSpark. Il est convaincu que ces mini-cerveaux remplaceront un jour les puces en silicone, notamment en raison de leur efficacité énergétique exceptionnelle : les neurones biologiques consomment un million de fois moins d’énergie que les neurones artificiels. De plus, ils peuvent être produits en quantité illimitée, contrairement aux puces classiques.
Pour créer ces bioprocesseurs, les chercheurs achètent des cellules souches, qu’ils transforment en neurones. Ceux-ci sont ensuite connectés pour former des organoïdes cérébraux d’environ un millimètre, équivalents au cerveau d’une larve de mouche. Des électrodes sont fixées sur ces amas, permettant d’"écouter" leur activité. En stimulant les organoïdes électriquement, les scientifiques recréent les 0 et 1 du langage informatique.
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Le cofondateur de FinalSpark, Fred Jordan, le 3 octobre 2025 à Vevey, en Suisse. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dix universités expérimentent actuellement ces mini-cerveaux grâce à une connexion en ligne avec les laboratoires de FinalSpark. À Bristol, le chercheur Benjamin Ward-Cherrier les utilise dans un robot pour reconnaître des lettres en braille. Il souligne la difficulté d’encoder les données pour que les organoïdes les comprennent, ainsi que leur fragilité : "Ce sont des cellules vivantes, elles peuvent mourir", rappelle-t-il.
Les organoïdes de FinalSpark vivent jusqu’à six mois. Aux États-Unis, à l’université Johns Hopkins, la chercheuse Lena Smirnova les utilise pour étudier l’autisme et Alzheimer, espérant de nouvelles pistes thérapeutiques. Selon elle, le biocomputing est encore un "doux rêve", mais la situation pourrait évoluer radicalement dans les vingt prochaines années.
Des questions éthiques émergent : faut-il prendre en compte le bien-être de ces organoïdes ? Les chercheurs assurent qu’ils ne disposent d’aucune forme de conscience, puisqu’ils n’ont pas de récepteurs sensoriels et ne comptent que 10.000 neurones, contre 100 milliards pour un cerveau humain.
Dans le laboratoire, seize mini-cerveaux connectés par des tubes sont conservés dans un grand réfrigérateur. Lorsque la porte s’ouvre, des signaux apparaissent sur l’écran, preuve d’une activité neuronale encore largement mystérieuse.
AFP/VNA/CVN