Vous ne l’avez même pas rêvé, ils l’ont fait

Ce n’est pas la première fois que je l’écris dans ces lignes : le Vietnam est un pays surprenant, et le Vietnamien a une capacité d’adaptation incroyable... Preuve par des petits détails de la vie quotidienne !

Apparemment la vie au Vietnam pourrait être un long fleuve tranquille où l’innovation se conjugue avec la tradition, où les valeurs familiales et sociales solidement ancrées ne laissent guère de place à la surprise. Bref, un pays qui, comme la fleur de lotus, s’éveille aux rayons du soleil du matin, s’épanouit doucement en plongeant dans le XXIe siècle. Sauf que, ici on peut s’attendre à tout !

Les casques «profilés» sont légion pour ces dames au Vietnam. Tant pis pour la sécurité !

Pour moi, depuis toujours, le casque de moto était un objet asexué. Sa mission étant de protéger la tête, on ne lui demande que d’avoir une forme de bol destiné à caparaçonner, entre autres, frontal, pariétal, temporal et occipital. Donc loin de l’esthétique, priorité à la sécurité.

C’est sans compter sur l’extrême attention que la femme vietnamienne accorde à son apparence. Il n’est que de voir le nombre de salons de beauté qui jalonnent les rues des villes et des villages. Autant que de boulangeries dans mon pays natal ! Pas le moindre petit salon de coiffure qui ne propose manucure, onglerie, massage du visage... Confucius doit se retourner dans sa tombe, lui qui disait qu’une des quatre vertus de la femme est «l’apparence qui ne requiert pas de signes extérieurs de beauté». Jusqu’au casque qui sacrifie à ce culte de l’esthétique féminine, en faisant la part belle à un élément essentiel : la chevelure...

Fières amazones !

L’Histoire nous dit que sous l’influence du confucianisme, les Vietnamiens n’avaient pas le droit de se couper les cheveux. Si les hommes ont perdu l’habitude de les rouler en chignon sur la nuque, pour adopter des coupes plus courtes, les femmes perpétuent cette tradition. Autrefois, il existait plusieurs façons de coiffer ses cheveux : les jeunes filles et les femmes du Nord enroulaient leurs cheveux dans une bande de velours marron, puis disposaient le tout autour de la tête, en laissant dépasser une petite queue. Les femmes du Centre et du Sud se faisaient un chignon sur la nuque, alors que les jeunes filles laissaient librement cascader leur chevelure sur les épaules.

Et oui ! Au cinéma aussi, c’est un fauteuil pour deux !

C’est d’ailleurs cette dernière façon de se coiffer qui donne à la Vietnamienne son allure libre et décidée. Même si elle est peu pratique par les jours de grands vents... et pour se coiffer d’un casque de moto. Pour parer à cet inconvénient, le pragmatisme vietnamien a donc inventé le casque à échancrure arrière, qui permet de laisser libres les cheveux réunis en queue de cheval. Et qu’importe qu’en cas de chute, le casque ne puisse jouer son rôle protecteur : c’est tellement plus pratique d’avoir la chevelure au vent que ramassée en un tas capillaire sous une coque de plastique. Ainsi casquées, les Vietnamiennes ressemblent à des amazones modernes parties à la conquête d’un monde qu’elles ne veulent pas exclusivement masculin.

Mais, plus fort encore, il existe des casques avec un trou sur le dessus pour laisser passer le chignon des élégantes... J’attends avec impatience l’arrivée du casque à ouvertures temporales pour les couettes ou les nattes !

Fauteuils pour deux !

Pour moi, également depuis toujours, la salle de cinéma, qui faisait la joie des samedis soirs dans les quartiers, était une succession de sièges individuels, alignés en quinconce, qui permettait à chacun de profiter le plus confortablement possible des plaisirs du grand écran. Avec le temps, les sièges de bois se sont rembourrés, molletonnés, embourgeoisés, au point de devenir de véritables fauteuils de salon. Mais ils étaient restés individuels. Jusqu’à ce que les Vietnamiens en décident autrement…

L’autre jour, voulant découvrir une de ces nouvelles salles de cinéma qui proposent des films sur écran géant en 2 ou 3D, j’y ai emmené toute ma petite famille. Petit arrêt sur image quant à la capacité du Vietnamien à mesurer le risque face à un ascenseur inversement proportionnel au nombre de personnes qui attendent ledit ascenseur ! Ce qui nous a valu plusieurs faux-départs de l’appareil qui, conscient du risque, lui, refusait de transporter plus de personnes que la résistance de ses câbles ne pouvait assumer... Jusqu’au moment où, profitant d’une sortie précipitée de la surcharge humaine, je me suis posté devant la porte et, dans un souci de pédagogie musclée, j’ai annoncé d’une voix de stentor : «Thôi !» (Halte !), ce qui a eu pour effet de méduser les postulants à l’ascension au 7e Art, de faire éclater en pleurs deux ou trois marmots, mais surtout de nous permettre, à moi et ma famille, de nous élever jusqu’au 6e étage en toute tranquillité !

Hors cette aventure ascensionnelle, une autre surprise était au rendez-vous... Habitué de me voir proposer un prix unique pour un film, je demande cinq places et me prépare à recevoir mes billets sans autre forme de procès. D’où mon étonnement quand la préposée aux tickets m’interroge avec un aimable sourire : «Fauteuils simples ou de luxe ?». Appuyant ses paroles d’un geste du doigt pour m’indiquer une photographie qui présente les deux types de siège. Et là, je suis stupéfait de voir qu’il existe des salles où l’on peut avoir des fauteuils honorables qui trouveraient leur place dans n’importe quel cinéma du monde, mais également des salles avec des fauteuils dignes de siège de première classe d’une ligne aérienne. Des sièges où l’on penserait plutôt à dormir ou à se faire masser plutôt qu’à regarder un film ! D’ailleurs, je ne crois pas si bien dire, car sur la photographie le fauteuil est fourni avec un oreiller, mais je n’ai pas vu la masseuse…

Ma surprise ne s’arrête pas là, car sur la photographie voisine, je découvre qu’il existe aussi des fauteuils à deux places : le Vietnam jette aux orties le fauteuil égoïstement individuel et invente le fauteuil pour couple ! Fini l’accoudoir qui entre dans la hanche quand on veut serrer l’être cher contre son cœur ! On peut maintenant vivre son bonheur à deux, sans frontières et en toute intimité. Pour rire, j’ai choisi ces fauteuils-là : un fauteuil pour mon épouse et notre fille, un fauteuil pour ma belle-sœur et l’amie de ma femme, un fauteuil pour moi... Oui, car s’il existe des fauteuils pour deux, ils sont à la taille des Vietnamiens !!!

Allez, je vous promets que dès que je découvre une autre innovation vietnamienne qui change la vie, je vous en fait part...!

Gérard BONNAFONT/CVN

 

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