Le Vietnam recèle d’énormes potentiels agricoles. |
Selon le Département général des statistiques, la croissance agricole en 2018 a été de 3,76%, soit le taux le plus élevé de ces sept dernières années et un bon point pour la restructuration du secteur. Cependant, la production reste vulnérable aux aléas climatiques, exigeant une importante réactivité et une capacité à changer.
Des agriculteurs prêts pour la modernisation
Après une trentaine d’années de Renouveau, l’agriculture vietnamienne a connu un développement fructueux avec des progrès remarquables. Si autrefois le pays souffrait de problèmes d’approvisionnement en produits alimentaires, il en est maintenant un grand exportateur. Il n’en demeure pas moins qu’une grande partie du secteur agricole est exploité en deçà de ses potentiels.
L’agriculture vietnamienne souffre en effet de lacunes majeures, notamment l’instabilité du développement de l’économie rurale, le déficit d’infrastructures, le manque de compétitivité des produits à l’international dû à la faiblesse des liens entre les secteurs primaire et tertiaire, et la fragmentation extrême des parcelles agricoles, surtout dans le Nord.
"Les sciences et technologies nous donneront les moyens d’appréhender chaque problème avec lucidité et donc d’orchestrer la montée en gamme de l’agriculture vietnamienne", explique le vice-ministre des Sciences et Technologies, Pham Công Tac. Évidemment, dans un pays comme le Vietnam, le produit visé en priorité par les innovations scientifiques est le riz pour augmenter son rendement à l’hectare, améliorer son impact environnemental ou recycler l’eau nécessaire à sa production.
Le manque de compétitivité des produits vietnamiens sur les marchés intérieur et extérieur, et donc le revenu relativement faible qu’en tirent les exploitants comparé à sa progression dans d’autres secteurs, contribuent à forger une image peu reluisante de l’agriculteur vietnamien. Afin de juguler ces problèmes économiques, il semble indispensable d’impliquer davantage l’agroalimentaire (pour plus de valeur ajoutée et donc plus de revenus pour les paysans), et de donner aux producteurs les moyens de gérer leur exploitation de manière autonome.
La maîtrise de l’outil informatique permettant de suivre les fluctuations du marché national et international et donc d’acheter et vendre les produits alimentaires au meilleur prix pourrait être un bon début. Cela permettrait également de diffuser plus largement les comportements à suivre en cas de catastrophes naturelles et d’améliorer la sensibilisation du monde agricole à la protection de l’environnement et à la lutte contre les changements climatiques.
Des lacunes à combler
Sur cette base de réflexion, il faut créer de meilleures conditions de travail pour les scientifiques, les organisations sociales et les experts en gestion, qu’ils soient nationaux ou étrangers.
Le Vietnam jouit d’une diversité agricole très singulière en raison de sa géographie et de son histoire. Tout l’enjeu est donc de mettre à profit cet atout et de lui donner une portée à la fois respectueuse de l’environnement et de la santé publique par l’agriculture biologique. Mais il s’agit également d’en augmenter les revenus par une correspondance optimale avec les besoins et les demandes des consommateurs se trouvant dans et hors des frontières.
Le Vietnam est un grand exportateur de produits agroalimentaires. |
Photo: Vu Sinh/VNA/CVN |
Seulement, le dire ne suffit pas, il faut pour se faire de "l’argent frais". "Il est nécessaire d’attirer les investissements dans l’agriculture et la ruralité", martèle Dang Kim Son, expert en politiques agricoles et développement rural. Ce besoin se heurte néanmoins au fait que l’investissement dans le secteur agricole vietnamien s’avère risqué, en partie pour les raisons déjà citées plus haut mais aussi du fait que celui-ci repose sur quelques produits phares (riz, poivre, café, thé et caoutchouc notamment...), la plupart du temps caractérisés par la volatilité de leur prix sur le marché mondial.
Sur le long terme, les risques de salinisation du "grenier à riz" du delta du Mékong, ainsi que la pression exercée sur le patrimoine foncier par l’urbanisation à marche forcée de certaines zones sont clairement des handicaps pour l’attractivité des investissements directs étrangers (IDE). Les autorités se sont déjà mises au travail en utilisant tous les leviers à leur disposition pour réorganiser le marché et le système de distribution, et élever la compétitivité des produits agricoles sur les marchés internationaux.
La promotion de la consommation locale requiert également une coordination étroite entre l’État, les entreprises et les agriculteurs. Cette synergie garantira une répartition optimale des rôles et une plus-value supplémentaire dont tout le monde bénéficiera.
Enfin, il paraît également nécessaire d’améliorer la renommée des produits vietnamiens pour se distinguer sur les marchés étrangers, ce qui passera notamment par une promotion intense à l’international, une montée en gamme des produits et la mise en place d’un système d’indications géographiques protégées dans les localités.