>>La pollution atmosphérique, un défi sanitaire majeur
>>La pollution de l'air appelle à des mesures d'urgence
Diverses sources de pollution
Mai Trong Thai, chef de l’Office de protection environnementale du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement
Actuellement, l’Office de protection environnementale gère dix stations d’échantillonnage. Donc, la qualité de l’air est suivie de manière permanente. Les résultats entre 2017 et 2019 montrent que l’Indice de la qualité de l’air (AQI) de Hanoï reste à un niveau moyen. L’AQI de 2018 a été meilleur que celui de l’année précédente. Mais au cours des trois premiers mois de l’année en cours, il a tendance à se dégrader. Pendant cette période, la teneur des particules fines PM2.5 en suspension dans l’air (les particules dont le diamètre est inférieur à 2.5 micromètres, ndlr) reste élevée, notamment vers la fin de janvier - période du Têt traditionnel avec des pics d’activités de transport, de commerce et de production industrielles et artisanales - et à la mi-mars, qui connaît des conditions météorologiques défavorables.
Nous devons comprendre que la pollution de l’air est causée par différents acteurs. Parmi eux, la météo, les émissions de gaz par les véhicules, et le rejet des déchets des activités industrielles. Ce sont de grandes menaces qui imposent à nos gestionnaires de prendre des mesures homogènes pour une solution pertinente. Pour les véhicules, il est urgent de réfléchir à la façon de supprimer les véhicules dégradés consommant trop de combustibles et exiger l’application des normes européennes d’émission des polluants Euro 4 ou Euro 5 (des règlements de plus en plus stricts de l’Union européenne qui fixent les limites maximales de rejets polluants pour les véhicules roulants neufs. L’objectif est de réduire la pollution atmosphérique due au transport routier, ndlr).
Pour les activités de production, les complexes industriels seront contraints d’installer des stations d’observation et d’évaluation des déchets et des eaux usées connectées obligatoirement au réseau de surveillance du Service des ressources naturelles et de l’environnement. Les autorités municipales demandent à ce service d’élaborer un projet d’investissement, et d’aménagement des stations d’échantillonnage de la qualité de l’air pour que la ville possède un système moderne et efficace.
Bien mesurer pour prendre des mesures
Le Pr-Dr Pham Ngoc Dang, vice-président de l’Association vietnamienne de protection de la nature et de l’environnement
Je sais que récemment plusieurs organisations internationales, se basant sur les données d’évaluations des particules fines dans l’air d’une station d’échantillonnage installée à l’ambassade des États-Unis à Hanoï, ont tiré la sonnette d’alarme, en qualifiant la pollution de l’air de la capitale vietnamienne comme ayant atteint un niveau dangereux. Mais, sur la base des résultats enregistrés par les stations d’échantillonnage du Département général de l’environnement du Vietnam installées à Hanoï, de ceux fournis par le Service municipal des ressources naturelles et de l’environnement, ainsi qu’après avoir bien étudié les données de la station installée à l’ambassade américaine, j’affirme, en tant que vice-président de l’Association vietnamienne de protection de la nature et de l’environnement, que cette alerte n’est pas pertinente.
En effet, si l’on prend comme références les particules fines en suspension PM10 et PM2.5 pour évaluer la pollution de l’air de la ville, le niveau sera moyen. Bien sûr, il y a des jours où la situation est mauvaise ou très mauvaise pour la santé mais il y a très peu de jours où le niveau dangereux est atteint. Ce dernier ne se met en place que lorsque la teneur de particules fines est trois fois supérieure à la limite maximale pour vingt-quatre heures. C’est-à-dire, quand l’AQI équivaut ou dépasse le seuil des 300.
Si l’on voit ce phénomène sous les aspects physico-chimiques, les particules polluantes se divisent en deux: celles fines PM10, PM5 et PM2.5, et celles gazeuses SO2, NOx, CO et VOC. Plus denses sont les particules fines de petit diamètre: 10, 5, ou 2.5 µm, plus elles pénètrent facilement dans les poumons. Et si l’on se base sur les polluants gazeux (SO2, NOx, CO et VOC), il faut vous dire que la qualité de l’air de la capitale vietnamienne reste encore bien meilleure que celle de plusieurs autres villes voisines.
L’Indice de la qualité de l’air (AQI) de Hanoï reste à un niveau moyen. |
Photo: VNA/CVN |
Revenons aux mesures de la station à l’ambassade des États-Unis, selon la pratique internationale, pour évaluer la qualité de l’air d’une région un jour précis, il faut prendre la moyenne des mesures différentes enregistrées pendant vingt-quatre heures. Idem pour une année, il faut se baser sur la moyenne des mesures enregistrées en permanence pendant 365 jours. Il est irraisonnable de prendre un chiffre mesuré à un moment quelconque d’une journée pour évaluer la qualité de l’air de toute la journée.
Les évaluations mensuelles ou annuelles sont alors identiques. Je cite un exemple. Si l’indice des PM5 ou PM2.5 mesuré par la station à l’ambassade américaine, à un moment donné, est de 395 µg/m3 (l’équivalent de l’AQI 263), il ne peut pas être représentatif de toute la journée. Et même si ce chiffre est exact, l’AQI reste inférieur à 300. Bien sûr, nous savons que Hanoï est touchée par la pollution de l’air. Pour améliorer la situation dans cette ville en particulier et dans d’autres centres urbains du Vietnam en général, je pense qu’il faut être plus strict sur la surveillance du rejet des polluants atmosphériques.
Nous devons aussi minimiser les émissions de gaz provenant des véhicules, des égouts d’eaux usées. Le transport du sable et des matériaux de construction dans les rues devra être bien géré pour les garder propres, sans poussières. Je veux souligner aussi la nécessité de conserver les plans d’eau, les espaces verts urbains, de remplacer l’utilisation du charbon dans les activités de production industrielle et artisanale par l’usage du gaz liquéfié et de combustibles écologiques.
Mai Dung - Linh Thao/CVN